Le système de santé de notre pays semble être en crise depuis des années. Les français veulent le sauver et son prêt à des sacrifices, selon le baromètre 2013 Deloitte/Harris Interactive. Le début de grands changements nécessaires pour faire survivre l’Assurance Maladie ?
Le premier problème du système français est sans doute ce qu’on appelle « le trou de la Sécu », à savoir le déficit lié au remboursement des dépenses de soins. Les Français bénéficient d’un des systèmes de santé qui rembourse le plus au monde, mais cela a un coût non négligeable pour l’Etat. Diverses solutions sont envisagées ou déjà mises en place pour résoudre la situation, mais ce ne sera pas sans l’aide des citoyens.
Et les Français ne sont pas contre donner un coup de main, semble-t-il. Le baromètre Deloitte/Harris Interactive de 2013 sur la Santé montre que plus d’un quart (35%) des Français seraient prêts à augmenter leur cotisation à la Caisse d’Assurance Maladie et ce malgré le sentiment que le service se dégrade depuis quelques années déjà. Que ce soit au niveau du fonctionnement de l’Assurance Maladie (qui se dégrade pour 74% des interviewés) ou du service médical (qui se dégrade pour 68% des interviewés), le système semble avoir atteint ses limites.
De fait, nos concitoyens se tournent vers des complémentaires santé. Un service qui les satisfait à 84% et qui se généralise. Dans ce sens, l’Accord National Interprofessionnel (ANI) voulu et mis en avant par le MEDEF et signé par nombre de syndicats rend obligatoire une complémentaire santé cofinancée par l’employeur. Une manière de préserver les remboursements des travailleurs.
Une bonne nouvelle pour des français dont plus des trois quarts (76%) estiment que le prix des médicaments est trop élevé. De la même manière, 87% considèrent trop élevés le prix des actes médicaux. Autant de points sur lesquels l’Assurance Maladie et le gouvernement tentent de travailler, avec les problèmes et les limitations qui sont impliqués.
Le prix des médicaments a déjà une solution partielle : les génériques. Moins chers mais exactement identiques du point de vue thérapeutique, ils sont désormais en premier choix chez le pharmacien et l’Assurance Maladie ne rembourse plus le médicament princeps si un générique est disponible. Une solution appréciée aussi par les industries du secteur qui s’engagent dans ce sens.
Le LEEM, par exemple, travaille sur la répression des fraudes et la sécurité des médicaments génériques produits hors Union Européenne afin que la mauvaise image de ces derniers, souvent considérés à tort moins sûrs et moins performants soit effacée des esprits. Une réussite, semble-t-il, puisque 69% des Français ont déclaré avoir recours systématiquement au générique quand celui-ci est disponible.
Mais pour en revenir au problème économique représenté par le remboursement des dépenses de santé, les Français sont aussi prêts à faire des sacrifices de taille : 59% tentent de ne consulter que des médecins qui ne pratiquent pas des dépassements d’honoraires et 52% tentent de fréquenter autant que possible un centre de soins.
« Les Français prennent conscience que la santé est un bien à préserver qui a un coût. Nous percevons bien à travers l’étude qu’ils sont en train d’acquérir une certaine maturité quant aux enjeux de la santé et le besoin de changer de comportement et de système tout en conservant quelques fondamentaux tel que la participation à l’effort collectif, explique Jean-François Poletti, Associé Conseil Santé spécialiste des Assurances et Mutuelles. Les Français espèrent vivre en pleine santé jusqu’à 72 ans. Les actions de prévention prennent de l’importance et deviennent même déterminantes pour les Français. Ils sont plus de la moitié à estimer qu’elles peuvent retarder l’âge d’entrée en dépendance. Des services de ce type sont attendus de la part des mutuelles par 38% d’entre eux » conclut Yves Jarlaud, Associé Conseil responsable du secteur Santé et Sciences de la Vie chez Deloitte.