Rien ne va plus dans le système de santé en Italie. Depuis quelques années, les Italiens ont de plus en plus de difficultés à se faire soigner, et quand ils y arrivent, ce sont les erreurs médicales qui prennent le relais pour engranger un ras-le-bol généralisé. Dans un nouveau rapport publié par le tribunal des droits du malade, le panorama qui y est dépeint est catastrophique.
Depuis le gouvernement de Berlusconi, les coupures dans le budget de la santé en Italie ne cessent d'augmenter. Une situation qui a conduit à une hausse conséquente des plaintes.
Coupures de budget et santé publique
Le gouvernement Berlusconi, suivi par le gouvernement de Mario Monti, ont tenté de remettre en état le budget de l'Italie, sans vraiment de succès. Et la santé publique dans le pays en a souffert énormément entraînant une dégradation pour les citoyens.
Entre la fermeture de divers services et même d'hôpitaux entiers et la conséquente réduction des lits disponibles en Italie, se faire soigner devient un parcours du combattant pour les Italiens. Sans compter les listes d'attente qui se font de plus en plus longues, et ce même pour des examens assez simples.
Depuis 2011, les listes d'attente pour un examen se sont allongées de plusieurs mois. Aujourd'hui, pour une mammographie, il faut attendre en moyenne treize mois avant de pouvoir passer l'examen. Et la situation est identique dans d'autres branches comment l'oncologie opu la cardiologie, ce qui a un effet néfaste sur l'humeur des Italiens, mais aussi sur l'organisation des soins.
Les urgences ne sont plus le dernier recours en Italie
Les urgences sont normalement là pour, justement, traiter les urgences. Mais les listes d'attente gigantesques conduisent les Italiens à passer par là pour éviter d’attendre des mois pour un examen. Comme le précise Tonino Aceti, coordinateur du Tribunal des droits du malade, en Italie la tendance est de renoncer aux visites, notamment de spécialistes, jusqu'au dernier moment.
L'effet est néfaste à tous les niveaux de coordination des soins. Les urgences sont prises d'assaut par les malades qui cherchent simplement à se faire examiner. Une situation qui inquiète les urgentistes du pays, submergés par les demandes.
Le tribunal des malades enregistre un nombre record de plaintes
Le Tribunal des droits des malades, créé en 1980 pour que les patients puissent faire valoir leurs droits, n'a jamais autant enregistré de plaintes. En 2012, la hausse pour des plaintes concernant les files d'attente insoutenables a été de 24 %. Et ce n'est pas tout.
Les plaintes concernent aussi de plus en plus l'état des infrastructures et la qualité des soins. Dysfonctionnements des appareils, hygiène non respectée… autant de points critiqués par les usagers et contre lesquels le personnel de santé italien ne peut pas faire grand-chose. Le budget est absent pour palier à ces problèmes d'ordre purement économique.
Résultat : les usagers sont furieux et le personnel est complètement démotivé. Les conditions d'emploi se dégradent, le renouvellement des postes n'est pas à l'ordre du jour et la situation n'est pas prête de revenir à un état normal.
Santé publique italienne et erreurs de diagnostic
Tous ces paramètres influent directement sur la qualité des soins pratiqués en Italie et qui sont loin d'être satisfaisants. Bien au contraire, l'ombre de l'erreur de diagnostic plane sur l'ensemble des services hospitaliers de la péninsule, comme le montrent les données du Tribunal des droits des malades.
17,7 % des plaintes enregistrées par le tribunal en 2012 concernaient des possibles erreurs de diagnostic. Effet pervers : les médecins prescrivent de plus en plus d'examens, souvent inutiles, qui augmentent les listes d'attente et creuse un peu plus le budget santé de l'état.
Seule solution, pour le Tribunal, arrêter les coupes budgétaires et réinstaurer une santé publique digne de ce nom. Seule la ministre de la Santé, Beatrice Lorenzin, pourra en décider.