Le Viagra est surement l’un des médicaments les plus connus mondialement mais, aussi étrange que cela puisse paraitre, cette petite pilule bleue luttant contre les problèmes d’érection pourrait constituer une nouvelle arme de taille contre le paludisme…
Une action stoppant la transmission du virus
Le Viagra pourrait stopper la transmission du paludisme ! C’est en tout cas le résultat d’une étude publiée le vendredi 8 mai dans la revue scientifique PLOS Pathogens. En effet, il semblerait que certaines molécules du Viagra puissent bel et bien jouer un rôle non négligeable pour enrayer le cycle de développement du parasite Plasmodium falciparum, responsable du paludisme.
Rappelons que le Paludisme se transmet par la piqûre d’un moustique femelle du genre Anopheles dont 68 espèces sur près de 500 sont susceptibles d’être porteuses du parasite. Les symptômes de la maladie sont des fièvres, frissons, vomissements et douleurs musculaires. Le Paludisme ferait d’ailleurs pas moins de 500 000 victimes par an selon l’Organisation Mondiale de la Santé.
« Cette molécule, à la dose habituellement administrée, a le potentiel d’augmenter la rigidité des formes sexuées du parasite et ainsi de favoriser l’élimination des globules rouges parasités par la rate » explique le CNRS dont des chercheurs, travaillant main dans la main avec leurs collègues de l’Inserm, de l’Université Paris Descartes, de l’institut Pasteur et de la London School of Tropical Medicine and Hygiene sont à l’origine de cette découverte.
Une étude réalisée in vitro
L’idée de ces chercheurs est d’empêcher les globules rouges parasités de se retrouver dans la circulation sanguine de l’homme. En effet c’est à l’intérieur de ces globules rouges que se développent les formes sexuées du parasite. Ils sont ensuite expulsés dans la circulation sanguine où ils pourront être récupérés par le moustique dans le sang qu’il prélève.
Le rôle du Viagra serait alors de rigidifier les globules rouges parasités permettant ainsi leur élimination par la rate. Effectivement, le but premier de la rate est de filtrer le sang pour retenir et éliminer les globules rouges vieux, anormaux et rigides. A l’aide d’un modèle in vitro reproduisant la filtration de la rate, les chercheurs ont identifié plusieurs molécules pharmaceutiques qui bloquent le développement des phosphodiestérases, des enzymes permettant la déformabilité des globules rouges, parmi lesquelles le sildénafil citrate, plus connu sous le nom de Viagra.
« Cette étude est très intéressante. On savait déjà depuis quelques années que le Viagra pouvait agir partiellement sur ces enzymes. Mais cette étude démontre désormais que ces enzymes jouent un rôle dans la capacité de déformabilité du duo globule rouge-parasite. C’est un changement de paradigme. Car, au-delà du simple traitement pharmacologique des symptômes de la malaria, cela nous donne désormais une piste d’étude pour, à l’aide de médicaments, enrayer aussi la transmission du paludisme » commente Hans-Peter Beck, professeur de parasitologie à l’Institut tropical et de santé publique suisse à Bâle.
Si cette étude marque un grand pas dans la lutte contre le paludisme elle n’a été réalisée pour l’instant qu’in vitro. Une version in vivo est d’ailleurs prévue pour bientôt. Espérons que ces résultats seront confirmés car si le Viagra peut effectivement permettre d’enrayer le Paludisme, cela serait une victoire contre une maladie qui décime des populations entières.