Yannick Neuder a annoncé la prolongation pour six mois supplémentaires de l’expérimentation du cannabis thérapeutique. Cette décision éloigne encore plus la possibilité d’une légalisation, mal vue par les autorités françaises.
Le nouveau ministre chargé de la Santé, Yannick Neuder, a annoncé fin décembre une nouvelle prolongation de l’expérimentation du cannabis thérapeutique pour une durée de six mois. Une manière pour lui de donner un sursis aux plus de 3000 Français qui bénéficient de ce traitement. Au-delà de juin, ces malheureux devraient se tourner vers des produits alternatifs, qui ne feront certainement pas autant de bien.
Le cannabis thérapeutique prescrit pour des douleurs « rebelles »
Le cannabis thérapeutique se présente sous forme d’huile, à prendre par voie orale. Il permet de traiter des douleurs dites « rebelles », qui ne sont pas soulagées par d’autres médicaments. Dans le cadre de l’expérimentation, qui avait été lancée en mars 2021 pour trois ans, le traitement était prescrit pour divers maux. Parmi lesquels les douleurs neuropathiques, les épilepsies sévères, les raideurs musculaires liées à un AVC, les complications liées au cancer ou à la chimiothérapie, ou encore pour les souffrances liées à la sclérose en plaque.
Non au cannabis à usage récréatif
Selon Yannick Neuder, la prolongation de l’expérimentation permettra aussi de s’assurer qu’une filière se créera autour de « cette nouvelle source de médicaments ». Le nouveau ministre délégué chargé de la Santé s’est dit ouvert à la généralisation du cannabis médical. Toutefois, il a clairement exprimé son opposition à la légalisation du cannabis à usage récréatif. Pour lui, il n’est pas question d’autoriser cette substance, uniquement prise pour le plaisir.
Bruno Retailleau dézingue un député LFI des Bouches-du-Rhône
La plupart de ses collègues adoptent la même position. Au premier rang desquels figure le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau a critiqué, il y a quelques jours, le député LFI des Bouches-du-Rhône Sébastien Delogu, en évoquant ses « délires pro-drogue ». L’élu avait proposé de légaliser le cannabis et d’autoriser sa vente dans des commerces régulés par l’État.
Des résultats mitigés sur les bienfaits du cannabis thérapeutique
Les patients et les associations ne comprennent pas pourquoi l’exécutif ne veut toujours pas généraliser la vente du cannabis thérapeutique, alors qu’il a de nombreux bienfaits. Mais ce n’est pas ce que dit exactement la recherche médicale. Celle-ci est plutôt mitigée à ce sujet. Une étude de référence, publiée dans le British Medical Journal, démontre par exemple que le cannabis médical améliore de façon limitée la situation des patients.
Des « agents anti drogue » dans les gouvernements de Macron
L’Académie de médecine, elle, reste sceptique sur les avantages supposés du traitement. Malgré cette prudence, la Direction générale de la santé a publié un rapport favorable sur l’expérimentation. De son côté, le gouvernement semble avoir choisi la réserve. Certains Français voient dans cette posture un manque de volonté politique, voire une hostilité assumée. Et cela n’étonne guère vu le profil des ministres d’Emmanuel Macron. On compte de nombreux « agents anti drogue » autour de lui, comme Bruno Reteillau et Gérard Darmanin.
Le cannabis thérapeutique autorisé dans une cinquantaine d’États
Ailleurs dans le monde, les autorités sont plus conciliantes. Il y a au moins 50 États qui ont généralisé le recours au cannabis thérapeutique, notamment des États américains, l’Australie et l’Argentine. En Europe, l’Allemagne , l’Espagne et le Portugal font figure de pionniers. Mais, les autorisations varient selon les pays. Certains exigent une prescription médicale, tandis que d’autres restreignent la liste des maux concernés.