Comme pour toutes les pathologies lourdes, le traitement contre le cancer a tendance à déshumaniser le patient. Pathologie considérée comme un enjeu de santé pour les décennies à venir, les praticiens espèrent pouvoir encore améliorer les prises en charge et surtout les réhumaniser. De nouveaux acteurs parfois inattendus, comme le groupe le géant du Orano, contribuent aussi à multiplier les progrès dans la prise en charge thérapeutique.
Un fait de société encore très mortel en France
Les progrès faits par la médecine en 20 ans sont prodigieux, même si trop de gens meurent encore d’un cancer. En 2015, Santé Publique France estimait qu’environ 41 % des cancers chez les plus de 30 ans étaient attribuables à des facteurs de risque modifiables, tabac, obésité, etc. Entre 1985 et 2004, une étude a par exemple mis en évidence les progrès de la prise en charge d’un des cancers les plus fréquents, le cancer du sein. Ils sont majoritairement dus à l’hormonothérapie qui, en complément de la chirurgie, permet de limiter drastiquement la croissance des cellules cancéreuses voir de les détruire. Cependant, les effets secondaires restent toujours très lourds.
Avoir de grandes chances de survie ne limite pas pour autant les effets sur la psyché des patients… et de leurs proches. L’engagement d’un pronostic vital est un choc pour tous les membres d’une famille. C’est pourquoi depuis quelques années les patients et leurs proches sont très fortement encouragés à consulter des psycho-oncologues. Ces derniers interviennent à tous les stades, pendant, après, en cas de récidive et même de décès. Les associations sont également venues améliorer la vie des patients. Par exemple, l’Institut national du cancer a mis en place une carte interactive des revendeurs de prothèses capillaires et perruques afin de permettre aux malades de mieux supporter la perte de cheveux. Du côté de la recherche scientifique, les progrès se confirment et dessinent l’espoir de nouvelles pistes thérapeutiques.
Les promesses de la médecine nucléaire
Les éléments radioactifs ont comme propriété de pouvoir aider à détecter les cancers et certains types de rayonnements permettent également de détruire les cellules cancéreuses en jouant sur les dosages.
C’est dans ce cadre qu’Orano Med, filiale d’Orano, l’un des acteurs majeurs du nucléaire, a investi plus de 10 millions d’euros dans son laboratoire à Bessines-sur-Gartempe (Limousin) dédié à la fabrication de Plomb-212, isotope rare utilisé pour l’alphathérapie, doublant ainsi sa surface physique afin de poursuivre ses progrès. Cette technique permet le ciblage spécifique des cellules cancéreuses et leur destruction tout en limitant l’impact sur les tissus sains grâce aux propriétés de l’isotope. Julien Dodet, PDG d’Orano Med, s’est félicité de cette extension qui est « une étape cruciale pour le développement des essais cliniques de ce nouveau moyen de lutte contre le cancer ». Chaque année dans le monde, plus de 30 millions de personnes bénéficient d’un diagnostic ou d’un traitement grâce à la médecine nucléaire.
Des prises en charge de plus en plus humaines
Les professionnels de santé ont compris depuis longtemps que l’acte médical n’était pas suffisant pour des pathologies aussi graves que les cancers. Tous les plans de lutte contre le cancer ont, à ce titre, compris un volet pour favoriser une humanisation accentuée de la prise en charge.
Le dernier en date ne déroge pas à la règle. Le président de la République regrettait d’ailleurs en février 2021 le manque d’humanité des annonces de diagnostic et a annoncé un vaste programme de formation des praticiens et la prise en compte de la spécificité de la « consultation d’annonce ». Est prévue également dans ce plan, la facilitation de la chimiothérapie et des soins à domicile, des mesures facilitant le maintien et le retour à l’emploi, l’accès aux prêts/assurances et l’indispensable présence des parents auprès des enfants malades. Il comprend également une volonté de mieux accompagner la douleur et un soutien psychologique accru.
Espérons que ces mesures et les promesses de la recherche permettent d’endiguer le fléau du cancer, moins spectaculaire qu’une pandémie mais tout aussi mortel, voire plus.