Les applis santé connaissent un essor phénoménal. Et face à cette offre (trop) variée, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) appelle à la prudence et apporte ses conseils aux utilisateurs. Les applis santé ne sont que des gadgets et des entreprises commerciales derrière !
Une violente révolution de la santé
Diabphone, SAM SEP, Santé&Forme, Santé AZ, Neocardiograph, Fertility Calendar, ces applications mobiles ne vous parlent peut-être pas, si vous n’êtes pas un accro hypocondriaque du Smartphone. Ce sont pourtant les applis en vogue sur le marché, dédiées à la santé et au suivi du patient ou … du client.
Le remède miracle. Vous souhaitez arrêter de fumer ? Téléchargez Kwit ; Un régime ? Healthy Habits ; vous êtes diabétique ? Diabphone, etc. Aujourd’hui il existe plus de 100.000 applications de santé mobile recensées sur Android et IOS. Ces applis apportent des informations pratiques sur la maladie, les médicaments, l’équilibre alimentaire, le coaching, ou jouent carrément le rôle du médecin. Pression artérielle, performances physiques, glucomètre, balance, tracker d’activité, auto-tensiomètre, c’est un véritable fourre-tout, face auquel il faut rester vigilant. Des centaines de start-ups peu scrupuleuses se partagent ainsi le juteux marché de la santé sur mobile.
Interrogé par L’Express, le fondateur de Doctissimo, Laurent Alexandre, voit la santé comme « l’un des derniers secteurs à être balayés par le numérique, car très règlementé. » Cependant, « la révolution à venir sera très violente » poursuit-il. « Les médecins signeront des ordonnances établies par des algorithmes. Ils ne sont absolument pas préparés à ce tsunami. » Et effectivement, déjà aux États-Unis (les américains raffolent des objets connectés et des applis mobiles), avec la sortie, notamment de l’Apple iWatch, cette tendance à jauger précisément sa santé ou son mode de vie devrait rapporter six milliards de dollars en 2016 au secteur des applis santé.
Révéler la vie intime et collecter des données
Prudence exhorte l’Agence du médicament ! Le nombre d’applications a été multiplié par cinq depuis 2012, soit plus de 100.000 applis santé disponibles ! « Seuls certains de ces logiciels sont des dispositifs médicaux ou des dispositifs médicaux de diagnostic in vitro car ils ont un finalité médicale », rappelle l’Agence du médicament.
Qu’en est-il des données sauvegardées, envoyées, analysées par l’application ? Le patient/client envoie de nombreuses données privées, comme « une empreinte du corps » note l’ANSM. Et la collecte des données de santé par les professionnels est soumise à un cadre très strict, ces pratiques « touchent à l’intimité et sont pourtant le plus souvent destinées à être partagées » ajoute-t-elle. L’Agence du médicament s’inquiète de la centralisation et de la sécurisation de ces données. Rappelons que derrières ces applis, ce sont de petites start-ups qui ne font pas dans la philanthropie, elles restent avant tout des entreprises commerciales !