La pilule miracle ne l'est pas tant que ça. Le Propecia, qui a été prescrit à près de 32 000 hommes en France, a fait autant de désillusionnés. Ce traitement affectant les hormones et ses conséquences sur la libido et les troubles de l'érection, connus depuis quelques années, ont désormais été prouvés.
L'histoire est tel un scénario de film vu et revu : partout où il y a la mort, il y aura la mort. Et c'est ce qu'ont pu constater certains hommes traités par le Propecia. Les promesses de cuir chevelu fertile ont un prix : pour quelques mèches retrouvées, il a fallu tirer un trait sur leur sexualité. Le médicament contre la calvitie a eu cet effet pour leur plus grand malheur. Plus que de simples troubles de l'érection, c'est une véritable impuissance définitive dont près de 10 % des patients souffrent. Parfois de jeunes patients, comme ce Karim, 29 ans, témoignant du deuil de sa vie sexuelle auprès du Parisien. Partout il y a la mort, il y aura la mort…
Cheveux retrouvés, libido perdue
Qui pourrait dire qu'il ne fallait pas s'attendre à des conséquences de ce genre ? Sans tomber dans la théorie de la punition envers ces hommes assez vaniteux pour être prêts à tout pour garder leurs cheveux, on peut déjà avancer qu'un traitement touchant aux hormones masculines ne pouvait pas se dérouler sans accroc. Puisque c'est bien là qu'agit le finastéride, composant le Propecia : directement sur la testostérone. Il bloque l'hormone mâle, et confère de fait aux victimes autant de libido qu'un homme de 80 ans.
En 2012, Michael Irwig de l'université Goerges Washington avait mené une étude au sujet de ce médicament prescrit à la louche en France et aux Etats-Unis. Les résultats sont alarmants. « Le finastéride peut modifier en profondeur la chimie hormonale du cerveau ». Certains autres médecins persistent à dire que ces effets sont temporaires et transitoires. Que certains hommes ayant souffert de troubles de l'érection ont vu ce mal passer avec le temps, ou simplement à l'arrêt du traitement. Tous ces contretemps sont soi-disant réversibles.
D'autres effets secondaires du finastéride sont connus et tout aussi incommodants. Éjaculation anormale dans 7 % des cas, 1 % connaissant une diminution du volume de l'éjaculation, la modification de la fonction sexuelle concerne 2,5 % des patients et 2,2 % sont victimes d'un développement excessif des glandes mammaires. Sans oublier quelques réactions allergiques possibles sur le visage, des palpitations cardiaques, des démangeaisons… Qui sont pourtant moins fréquents que les attaques à la virilité de ces messieurs ! Tout pour plaire.
Envie de noyer ces tracas dans l'alcool ?
Ce sera difficilement faisable. L'étude du Dr Irwig soulève également un autre effet du Propecia : la baisse de la dépendance à l'alcool. Effectuée sur 83 hommes prenant du Propecia et ayant subi les effets secondaires sur leur sexualité, 63 d'entre eux consommant au moins une boisson alcoolisée par semaine avant le début de leur traitement ont été sélectionnés.
Le résultat est là : 65 % de ces hommes ont déclaré que leur consommation d'alcool a diminué. Certains ont même déclaré ne plus du tout tolérer l'alcool une fois le traitement commencé. Le laboratoire MSD, qui se déclarait tout à fait « confiant dans la qualité de Propecia et des études scientifiques qui ont permis de le développer » ne devait pas s'attendre à ça.