Les jeux d’argent, surtout ceux en ligne, constituent une menace pour la santé publique, au même titre que le tabac ou l’alcool. C’est ce qu’indique une vaste étude menée par The Lancet et publiée le jeudi 24 octobre. Dans ce rapport, les experts appellent les pouvoirs publics à renforcer les régulations existantes afin de protéger les personnes vulnérables.
Une vaste étude menée par The Lancet, et révélée au grand public le jeudi 24 octobre, met en évidence l’impact particulièrement négatif des jeux d’argent sur la santé publique à travers le monde. Cette enquête d’envergure révèle que près de 450 millions de personnes souffrent de conséquences néfastes liées aux jeux d’argent, telles que des difficultés financières, des tensions familiales et des problèmes de santé mentale.
Les jeux d’argent, une cause significative de troubles mentaux
Parmi ces personnes, environ 80 millions (à peu près la population de l’Allemagne) souffrent de troubles du jeu. Cette dépendance se caractérise par une incapacité des joueurs à contrôler leur comportement malgré les effets dévastateurs sur leur vie quotidienne. Selon les résultats de l’étude, les jeux d’argent constituent une cause significative de troubles mentaux. Au premier rang des individus les plus exposés figurent les adolescents et les jeunes enfants (26,4 %).
La numérisation en a facilité l’accès
Ces mineurs sont devenus de grandes victimes des jeux d’argent depuis l’avènement d’Internet et des nouvelles technologies, qui en ont facilité l’accès. La numérisation a particulièrement permis le développement de plateformes de jeux en ligne. Les adolescents qui participent à des jeux de casino en ligne ou aux machines à sous, par exemple, présentent des symptômes de troubles du jeu. Pour les paris sportifs en ligne, l’enquête indique que 16,3 % des adolescents sont touchés, contre 8,9 % des adultes.
Les adolescents souvent attirés par la promesse d’argent facile
Kristiana Siste, experte ayant contribué au rapport, explique que les enfants et adolescents « courent un risque accru de développer des troubles » parce qu’ils sont « souvent attirés par la promesse d’argent facile et les designs ludiques ». Heather Wardle de l’université britannique de Glasgow, co-présidente de la commission à l’origine de l’étude, ajoute de son côté qu’un « marketing et une technologie sophistiqués rendent les jeux d’argent plus faciles à commencer et plus difficiles à arrêter ».
Les jeux d’argent utilisent un marketing agressif pour inciter à jouer davantage
Ce marketing agressif se caractérise par des mécanismes de gamification qui rendent les jeux d’argent attrayants et ludiques, par des sponsorisations d’événements sportifs, des publicités ciblées en ligne et l’intégration des jeux d’argent dans les plateformes numériques. Toutes ces méthodes permettent de capter l’attention des consommateurs et les inciter à jouer davantage. Elles peuvent « présenter des risques substantiels pour la santé, mais c’est la réalité des jeux d’argent aujourd’hui », déplore la professeure Heather Wardle.
Une exposition précoce aux jeux d’argent augmente le risque de développer des troubles à l’âge adulte
Vu la trajectoire de croissance mondiale phénoménale de cette industrie, la commission Lancet appelle les autorités à prendre des mesures pour protéger les enfants des méfaits des jeux. Elle pense qu’il faut d’autant agir rapidement qu’ « une exposition précoce au jeu augmente le risque de développer des troubles plus tard dans la vie ». Aussi, les auteurs insistent sur la nécessité de considérer les jeux d’argent comme un problème de santé publique, au même titre que les autres produits nocifs comme l’alcool et le tabac.
De la nécessité d’instaurer des réglementations plus strictes à l’échelle mondiale
Pour faire face à ses dangers, la commission recommande d’instaurer des réglementations plus strictes à l’échelle mondiale, notamment au niveau des publicités, pour limiter l’accès et l’exposition aux jeux d’argent des mineurs. Elle préconise également de mettre en place des mécanismes de protection, des outils de prévention, ainsi que des campagnes de sensibilisation sur les risques associés. Enfin, les experts appellent à investir dans des programmes de santé mentale pour aider les personnes touchées par des troubles du jeu.