Les députés veulent autoriser les pharmaciens à pratiquer la vaccination antigrippe à titre expérimental. Un sujet qui fait débat auprès des médecins.
Améliorer la couverture vaccinale en France
Seuls 48 % des assurés à risque ont été vaccinés contre la grippe pour la période 2015-2016. Ces chiffres soulignent un recul de plus de 14 points depuis 2009. C’est donc pour lutter contre cette baisse de la vaccination antigrippe que les députés ont choisi d’autoriser les pharmaciens à pratiquer ce geste, au même titre que les infirmières et les médecins.
Les députés souhaitent que cette autorisation soit réalisée à titre expérimental pendant une période de trois ans afin de vérifier son efficacité en matière de couverture vaccinale. Ils soulignent que : « si la couverture vaccinale était de 75 %, 3 000 décès seraient évités chez les personnes de 65 ans et plus ».
Les pharmaciens pour, les médecins contre
Si l’Ordre national des pharmaciens est favorable à cette proposition, les syndicats de médecins, eux, sont contre. Ils s’opposent à ce que les pharmaciens puissent vacciner, car ils estiment que cet acte implique un suivi qui ne peut être réalisé que par un médecin traitant ayant des contacts réguliers avec ses patients.
De plus, pour eux, cette autorisation n’améliorera pas la couverture vaccinale antigrippe. Le problème est de réussir à convaincre la population de se faire vacciner, car les lieux pour recevoir son injection antigrippe ne manquent pas. Coordination, communication, sensibilisation sont donc des actions à mettre en place qui, elles, peuvent améliorer les taux de couverture vaccinale.
Dernier point à souligner, l’enjeu se situe également au niveau financier pour les médecins et les pharmaciens. Si les pharmaciens se voyaient autorisés à vacciner, les médecins pourraient s’attendre à une baisse des consultations, alors que du côté des officines, c’est une hausse de la fréquentation qui serait à prévoir.
Un débat déjà ancien
Le débat concernant l’autorisation de vacciner pour les pharmaciens n’est pas nouveau. En effet, le projet de loi Santé, proposé par Marisol Touraine, prévoyait déjà ce volet. Mais face à l’opposition des médecins, le ministère de la Santé avait décidé de ne pas aller plus loin, laissant ainsi cette idée tomber dans les oubliettes.
Aujourd’hui, le ministère de la Santé n’a pas encore appuyé la proposition parlementaire qui relance le débat. Le projet doit, d’ailleurs, être débattu la semaine prochaine dans l’hémicycle et mettra peut-être fin à la question.