L’ONU vient de reconnaître en partie sa possible implication dans la propagation du choléra en Haïti. Un premier pas vers la vérité ?
Le choléra en Haïti
En 2010, peu après le tremblement de terre qui a dévasté Port-au-Prince, Haïti a connu une nouvelle catastrophe : l’arrivée du choléra. Très rapidement, l’épidémie a fait rage et, en quelques semaines, a tué plusieurs milliers de personnes.
Aujourd’hui, six ans après les premiers cas de choléra, 780 000 personnes ont été infectées et on dénombre plus de 9 000 morts. La maladie est toujours présente dans le pays, malgré les campagnes de sensibilisation et les actions menées pour venir en aide à la population. Enfants et personnes âgées sont les plus fortement concernés par les risques de décès.
Avant le début de cette nouvelle épidémie, Haïti était exempt de choléra sur tout son territoire depuis un siècle. Les questions pour tenter de comprendre le point d’origine de la maladie se sont donc très vite posées. La réponse semble avoir été trouvée dans un camp de casques bleus de l’ONU.
L’origine du choléra se trouverait dans un camp de la MINUSTAH
Il s’est avéré que des soldats népalais appartenant à la MINUSTAH (Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti) étaient porteurs de la bactérie vibrio cholerae, coupable de l’épidémie en Haïti.
Une enquête menée par l’université de Yale dans le Connecticut a ensuite pu révéler que le système de traitement des eaux usées du camp des soldats népalais n’aurait pas été fiable. Un écoulement de la fosse septique vers un affluent de l’Artibonite aurait donc eu lieu, contaminant des sites utilisés par les Haïtiens pour boire et se laver.
Rapidement, des membres de la société civile et des politiciens ont souligné l’implication de l’ONU dans la propagation de la maladie. Mais l’ONU a toujours refusé d’accepter son rôle dans cette affaire jusqu’à il y a peu de temps.
Un premier pas vers la reconnaissance ?
La semaine dernière, Farhan Haq, adjoint du porte-parole du secrétaire général des Nations Unies a écrit, dans un email envoyé au New York Times, que l’ONU : « est convaincue qu'elle doit se pencher sur son implication dans le déclenchement de l'épidémie et les souffrances des victimes affectées par le choléra ».
Cette déclaration pourrait faire penser à un premier pas vers la reconnaissance des erreurs commises par l’ONU en Haïti concernant le choléra. Malheureusement, le porte-parole adjoint du secrétaire général Ban Ki-moon a ensuite déclaré que : « la position juridique de l'ONU n'a pas changé sur cette affaire ».
Les demandes de Beatrice Lindstrom, de l'Institut pour la justice et la démocratie en Haïti, ne seront donc probablement jamais prises en compte. Pour elle : « Les Nations Unies doivent faire suivre cette annonce d'actions, comprenant des excuses publiques, l'établissement d'un plan pour verser des compensations aux victimes qui ont tant perdu et pour s'assurer que le choléra soit éliminé d'Haïti à travers de solides investissements dans les infrastructures d'eau et d'assainissement ».