Les Français n'ont pas le moral. Et que font-ils dans ce cas ? Ils fument. A l'occasion de la journée mondiale sans tabac organisée par l'OMS ce vendredi 31 mai, penchons-nous sur le bilan français de la consommation de tabac.
Nous sommes un Français sur trois à fumer, soit 13,5 millions de fumeurs. Et ce n'est pas l'augmentation du prix du paquet de cigarettes qui y changera quoi que ce soit. Sans parler de la loi sur l'interdiction de la vente de tabac aux mineurs appliquée moins d'une fois sur deux. A vrai dire, la consommation augmente. Les femmes des milieux défavorisés sont les premières à succomber à l'appel de la nicotine. Autant dire que le constat est alarmant.
Yves Martinet, président de l'Alliance contre le tabac, dans le BEH (Bulletin épidémiologique hebdomadaire) dédié à ce sujet, rappelle que l'on dénombre 200 morts par jour en France ayant pour cause le tabagisme. Pour les autres, ce sont jusqu'à 15 années de vie qui partent en fumée.
La France, mauvais élève
Du côté du gouvernement, il faut avouer que l'on ne sent pas vraiment d'urgence en comparaison avec nos voisins. Alors qu'en France nous sommes 34 % de fumeurs, la consommation a effectué une chute vertigineuse en Angleterre, aux Etats-Unis et au Canada, où respectivement on ne compte plus que 21 %, 15 % et 13 % d'adultes fumeurs.
On pourrait croire que les 14 millions d'euros par an que l'industrie du tabac rapporte au gouvernement est la cause de ce lézardisme. Pourtant, face aux 47 milliards d'euros que cette même industrie coûte à l'Assurance maladie, il y a de quoi vouloir se donner les moyens d'agir.
La France a néanmoins tenté de mettre en œuvre des solutions. Interdiction de fumer dans les lieux publics en 2007, puis les lieux de convivialité en 2008. L'assurance maladie propose le remboursement partiel des médicaments de sevrage à hauteur de 50e par bénéficiaire par an. Le résultat est là : après une augmentation des ventes de 4,5 % entre 2010 et 2011, une baisse de 9 % de la vente de cigarettes entre 2012 et 2013, la première en dix ans.
Hausse des prix et paquets neutres
L'OMS recommande l'application de la politique des paquets « neutres » (mais surtout répugnants) déjà mis en place en Australie. "L'emballage neutre améliore l'efficacité des avertissements sanitaires, réduit la désinformation des consommateurs sur la dangerosité des cigarettes, annihile l'attractivité du packaging et de la marque et, finalement, influence les intentions de changement de comportement", selon une étude française.
Le gouvernement n'est pas convaincu et préfère prévoir une nouvelle hausse du prix du tabac de 5 % à l'automne. De quoi continuer à piocher dans les 13 milliards de chiffre d'affaires de l'industrie du tabac française tout en faisant doucement reculer la consommation.
Les Français préfèrent les cigarettes électroniques
Le site 1001pharmacies.com a dévoilé que les médicaments anti-tabagisme terminent bons derniers de ses ventes. Ils ne représentent que 0,06 % des recherches. Le fait est que malgré le généreux forfait sécu de 50 euros par an, ces traitements coûtent bien trop cher. Pour les patchs, compter 180 euros en moyenne pour trois mois. Pour les gommes ou les pastilles, le montant s'élève à 250 euros. L'inhalateur, lui, soustrait 1.200 euros du porte-monnaie.
Les fumeurs ont donc trouvé une solution alternative afin de réduire leur consommation : l'e-cigarette, dite aussi cigarette électronique. D'après les estimations de l'Alliance contre le tabac, un million de fumeurs seront devenus des « vapoteurs » d'ici la fin 013. Ces gadgets à la forme mimant celle d'une cigarette classique produisent de la vapeur, inhalée par le consommateur. Aromatisée ou non, avec ou sans nicotine, la fumée produite n'a pas l'odeur du tabac et est censée contenir moins de substances cancérigènes. Les cigarettes électroniques ne produisent pas de tabagisme passif.
L'e-cigarette fait 600 000 adeptes en France. Jusqu'alors, ces « vapoteurs » jouissaient du manque de réglementation, et pouvaient donc fumer dans les lieux publics. Le ministère de la Santé pourrait y mettre fin suite à une expertise menée à ce sujet. Et de fait, réduire son intérêt.