La Réunion : l’État va accentuer sa riposte contre le chikungunya

Emmanuel Macron et son ministre de la Santé étaient mardi et mercredi à La Réunion pour renforcer la riposte contre le chikungunya. Ils ont notamment promis des renforts aux centres de santé, la distribution de moustiquaires pour protéger les nouveau-nés des piqûres, et la production d’anticorps.

Frappée fin février par le cyclone Garance (en même temps que Mayotte), la Réunion fait face depuis plusieurs semaines à un autre sinistre : une épidémie de chikungunya, maladie infectieuse transmise par le moustique tigre. Selon Santé publique France, 39 000 cas de contaminations ont été recensés à ce jour, pour neuf décès comptabilisés entre le 10 mars et le 6 avril. Il s’agit pour la plupart de personnes « de plus de 70 ans porteuses de comorbidités (sauf un bébé décédé dimanche).

40 000 doses du vaccin Ixchiq déjà disponibles pour la vaccination contre le chikungunya

Si l’impact de cette épidémie est pour l’instant moindre que celui de 2005-2006 (plus de 260 000 cas et plus de 250 décès), la riposte du gouvernement français n’est pas réduite pour autant. En visite sur l’île mardi 22 avril, Emmanuel Macron a relevé que 40 000 doses du vaccin Ixchiq, le premier ayant obtenu une autorisation de mise sur le marché en Europe, ont été acheminées depuis le début du mois pour la campagne de vaccination.

L’immunité contre le chikungunya passera par la vaccination et les gestes barrière pour Yannick Neuder

Ces doses sont destinées aux personnes de 65 ans et plus, présentant des comorbidités. Au moins 60 000 autres vaccins ont été commandés et seront acheminés à La Réunion au besoin. Mais la campagne de vaccination a démarré timidement, avec environ 3 000 personnes vaccinées, a indiqué mardi le directeur général de l’agence régionale de santé (ARS), Gérard Cotellon, à Emmanuel Macron. Arrivé à la suite du chef de l’État sur l’île, le ministre de la santé, Yannick Neuder, a souligné pour sa part que « l’immunité passera naturellement par la vaccination et par les gestes barrière ».

Des mesures de prévention nécessaires pour contrer l’épidémie de chikungunya

Selon Yannick Neuder, la lutte contre le chikungunya doit aussi maintenant s’appuyer sur toutes les mesures de protection et de prévention, surtout pour les mamans enceintes qui ne recevront pas le vaccin. Pour les nouveau-nés, le ministre pense qu’il faut faire un maximum pour pouvoir distribuer des moustiquaires afin de les protéger des piqûres. Il a en outre annoncé un travail avec le centre de transfusion sanguine, l’EFS, pour la production éventuelle d’anticorps afin de parer aux contaminations des bébés in utéro.

Des visites du ministre aux centres de santé

Yannick Neuder a surtout visité des centres de santé dans le but de s’imprégner de leur situation. Il s’est notamment rendu au CHU Sud de Terre-Sainte, à Saint-Pierre, pour l’inauguration du projet d’extension de l’hôpital. Très attendu, celui-ci doit permettre d’élargir l’offre de services et de formation. L’établissement se trouve en tension, fortement impacté par la crise sanitaire due au chikungunya notamment. Même constat aux Urgences du CHU de Saint-Pierre, où le chef de service, Dr Olivier Garcia, a demandé 40 à 60 lits supplémentaires.

Les soignants en colère

Yannick a en outre eu un temps d’échange avec plusieurs syndicats mobilisés pour relayer la colère des soignants. Comme FO Santé qui a organisé une opération de tractage devant le CHU Nord, le mercredi 23 avril, pour dénoncer une situation jugée intenable. Les syndicalistes ont demandé plus de lits et des agents en renfort. Ils ont par ailleurs dénoncé un Plan blanc déguisé. Ce dispositif permet de déprogrammer certaines opérations ou de rappeler des personnels en congés dans les hôpitaux. Yannick Neuder a proposé de nouveaux échanges pour résoudre ces problèmes.