De nombreuses propositions émergent du rapport Jacob au sujet de l'accès aux soins des personnes handicapées. Un comité interministériel est prévu cet été afin de répondre aux besoins soulevés par Pascal Jacob.
On est loin d'aller comme sur des roulettes. Pour les personnes handicapées, avoir accès aux soins fait partie des obstacles de leur vie. Pourtant, pour eux autant que n'importe qui, si pas plus, les soins sont primordiaux. Est-il acceptable que certains se résignent à y renoncer ?
C'est le point que soulève le rapport Jacob : la France compte près de 3 millions d'handicapés qui méritent, et nécessitent, un meilleur accès aux soins. «C'est une situation de gâchis et de souffrances qui ne peut plus perdurer », explique Pascal Jacob.
Le problème est multifactoriel. Tout d'abord, les professionnels de santé manquent de formation en ce qui concerne les patients handicapés, et cet obstacle en effraie plus d'un. En effet, le patient handicapé aura plus de mal à évaluer sa douleur, à l'expliquer, ou encore à comprendre le diagnostique qui leur sera fourni. De plus, ces soins sont particulièrement coûteux, et dans le contexte économique actuel, il s'agit d'un rempart non négligeable. On note également que malgré l'obligation datée du 1er janvier 2011 que tous les cabinets médicaux soient accessibles aux personnes handicapées, ce n'est toujours pas le cas. Sans oublier de mentionner le manque, pour ne pas dire l'absence, de campagnes de prévention et d'information de la part du gouvernement.
Un véritable enjeu de santé publique
Le premier point clé du rapport concerne donc l'accessibilité physique aux soins courants, tels que les soins bucodentaires, gynécologiques et ophtalmologiques. L'une des propositions consiste en la création d'un label accessibilité pour les structures de soins. Pour Pascal Jacob, « au-delà du handicap, la question des difficultés d'accès aux soins n'est que l'éclaireur de ce qui nous attend tous demain ».
Le second point concerne la sensibilisation du personnel de santé au handicap. Le rapport Jacob propose la mise en place d'une formation d'une durée de quinze jours. Néanmoins, cela sera-t-il assez pour permettre aux professionnels de la santé de répondre aux besoins si différents d'un cas à l'autre des personnes handicapées ?
Le côté financier du problème n'est pas sans reste. Les bénéficiaires de l'AAH (allocation aux adultes handicapés) sont dans une situation paradoxale : leurs revenus sont trop élevés pour avoir droit au CMU, mais demeurent inférieurs au seuil de pauvreté. Face à l'augmentation des forfaits hospitaliers et des mutuelles, l'accès aux soins est d'autant plus limité.
Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault s'est engagé à tenir un comité interministériel handicap (CIH) afin de trouver des solutions financières. La ministre des personnes handicapées rappelle que «le plan quinquennal de lutte contre la pauvreté comporte des mesures dont les personnes handicapées en situation de précarité bénéficieront. Il s'agit notamment du relèvement du plafond de la couverture maladie CMU-C de 7 % (en plus de l'inflation) et par voie de conséquence du plafond d'accès à l'aide à la complémentaire santé (ACS) dont bénéficieront un grand nombre de bénéficiaires de l'allocation pour adulte handicapé (AAH).»