Le problème de la solitude en France est loin d'être purement anecdotique. De plus en plus fréquent et en pleine expansion, il commence à inquiéter les instituts et les autorités. D'autant plus qu'il ne s'agit pas d'un problème confiné à une tranche d'âge mais touche toutes les couches de la population, sans exceptions.
Comment est-ce possible que, dans ce monde de sur-connexion où un individu peut connaître des milliers de personnes dans le monde entier, la solitude et l'isolement se développent jusqu'à toucher, aujourd'hui, 12 % de la population française ?
5 millions de Français sont seuls
Le sondage, demandé par la Fondation de France, ne laisse pas la place au doute : la question de l'isolement commence réellement à prendre des proportions au-delà ce ce que nous aurions pu imaginer. Jeunes, moins de 40 ans, seniors… aucune tranche d'âge ne semble permettre d'éviter de tomber dans la solitude.
Aujourd'hui, la Fondation de France estime à 5 millions le nombre d'individus qui ont peu ou pas du tout de relations sociales, qu'elles soient amicales, de travail ou bien familiales. Cela représente 12 % des plus de 18 ans. Mais ce nombre représente aussi une hausse, et non des moindres.
En 3 ans, le nombre de personnes seules a augmenté d'un million, une hausse qui semble plus importante chez les moins de 40 ans et les seniors, sans que cela empêche la tranche d'âge 40-65 ans d'être toujours touchée par ce problème.
La solitude frappe les cinq réseaux affectifs : le réseau familial, le réseau professionnel, le réseau amical, le réseau affinitaire et le réseau de voisinage. Ces cinq réseaux ensemble forment, dans ce genre d'étude, l'ensemble des possibles interactions entre une personne et ses connaissances. Plus les réseaux sont développés, plus les interactions sont fréquentes et importantes, et vice versa.
Mais voilà, selon cette étude, en 2013 27 % des Français n'avaient à leur disposition qu'un seul réseau contre 23 % en 2010. Et cette dégradation se confirme dans tous les autres réseaux : les liens avec la famille ne sont pas soutenus pour 39 % des Français en 2013, les liens avec les voisins sont limités pour 37 % des Français et 25 % n'ont pas de réseau amical ou affectif.
Une dégradation générale, donc qui pose un problème de santé sur le court et surtout le long terme.
Les revenus directement liés à la solitude
Ce n'est peut-être pas étonnant, mais c'est d'autant plus inquiétant : le niveau des revenus, et donc le niveau de vie, impacte directement les réseaux d'amitié et de connaissance. Un paramètre inquiétant alors que la crise économique fait augmenter le chômage.
De fait, ce sont les jeunes qui sont le plus touchés. Les difficultés financières liées à la précarité de l'emploi, et la difficulté de trouve un emploi stable, attaquent les fondements de leurs réseaux de travail et d'amitié. En, d'ailleurs, c'est la première fois que les 18-29 ans sont touchés par la solitude bien que le phénomène reste limité (6%).
17 % des personnes dont le foyer gagne moins de 1 000 euros par mois sont touchées par la solitude tandis que le chômage entraîne des problèmes relationnels chez les 30-60 ans pour 15 % des concernés.
Les seniors ne sont pas épargnés par cette crise de solitude en France
24 % des plus de 75 ans sont touchés par l'isolement, un nombre en hausse de 8 points par rapport à 2010. Entre relâchement des familles et hausse du nombre des personnes âgées en France, les raisons sont multiples mais ne doivent pas justifier ce problème.