L'Unicef vient de communiquer les résultats de sa dernière étude de surveillance sur la pratique de l'excision et des autres mutilations génitales pratiquées sur les femmes et les jeunes filles. Si la tendance générale est au recul de ces pratiques, le risque est encore très élevé dans certains pays. Le but de l'Unicef est, bien entendu, d'éradiquer ces pratiques.
Un viol du droit fondamental des femmes
La pratique de l'excision sont issues de la croyance populaire et sont essentiellement pratiquées dans une optique rituelle. Elles sont censées marquer le passage à l'âge adulte des jeunes filles. Mais elles sont aussi considérées comme une manière de contrôler la sexualité naissante de la jeune fille en question, sexualité souvent considérée encore comme un tabou.
Pour ce faire, dans les pays pratiquant les MGF, une partie ou l'intégralité des parties génitales externes de la femme sont coupées. Outre les problèmes d'ordre sanitaire que ces pratiques entraînent, l'excision est souvent pratiquée en dehors de structures hospitalières et avec des instruments rudimentaires, la mutilation est un véritable traumatisme psychologique pour les jeunes personnes qui sont forcées de s'y soumettre.
De fait, donc, il s'agit d'un viol du droit fondamental de la femme à avoir une sexualité propre et, surtout, de disposer de son corps comme elle le souhaite. Raison pour laquelle l'excision est un des chevaux de bataille de l'Unicef.
Des dizaines de millions de femmes concernées
En 2012, selon les derniers chiffres publiés par l'Unicef, ce sont plus de 125 millions de femmes et de jeunes filles qui ont subi une excision, souvent très jeunes : la majorité des pays pratiquant les mutilations génitales féminines le font avant que la jeune fille ait atteint l'âge de 5 ans.
En Egypte, par exemple, où 91 % des femmes ont été victimes de MGF, 80 % le sont entre 5 et 14 ans. Le même scénario se présente en Somalie, au Tchad ou encore en République centrafricaine. Si la loi interdit souvent ces pratiques, son application se heurte à la question de la culture, d'autant plus que l'excision est pratiquée dans un cadre intime et familial.
L'Unicef, s'inquiète car ce ne sont pas moins de 30 millions de jeunes filles qui pourraient subir ces pratiques dans la décennie à venir.
Une pratique qui recule malgré tout
Une lueur d'espoir est toutefois perceptible puisqu'il semblerait que les groupes qui pratiquent l'excision commencent à prendre conscience de la gravité de l'acte en question sous la pression des gouvernements et des différentes ONG qui travaillent en ce sens.
Ce qui est intéressant, dans le dernier rapport de l'Unicef, est l'évolution de la mentalité masculine vis-à-vis de ces pratiques pourtant considérées comme une forme de suprémacie patriarcale et de domination de l'homme sur la femme. En Guinée, au Sierra Leone ou encore au Tchad, il semblerait qu'il y ait plus d'hommes que de femmes qui veulent mettre un terme à la pratique des mutilations génitales féminines.
Les pays qui pratiquent le plus les MGF
Dans certains pays, le problème des Mutilations Génitales Féminines est plus important que d'autres. Dans son dernier rapport, l'Unicef donne la liste des 5 pays où les MGF touchent le plus de femmes dans le monde.
Somalie : 98 % des femmes de 15 à 49 ans ont subi une MGF
Guinée : 96 % des femmes de 15 à 49 ans ont subi une MGF
Djibouti : 93 % des femmes de 15 à 49 ans ont subi une MGF
Egypte : 91 % des femmes de 15 à 49 ans ont subi une MGF
Érythrée : 89 % des femmes de 15 à 49 ans ont subi une MGF