En quelques mois, la crise de la Covid-19 a profondément changé nos habitudes en matière d’hygiène. L’instauration des gestes barrières et d’une hygiène plus accrue aussi bien par les particuliers que par les professionnels, a permis en France l’émergence et la consolidation de JVD, leader français dans la conception et fabrication d’équipements d’hygiène.
Promoteur du 100% made in France, Thierry Launois, directeur général de JVD, revient pour La Santé publique, sur l’évolution de son entreprise à la suite de la crise sanitaire et les perspectives et défis qui attendent le secteur de l’hygiène dans les années à venir.
L’arrivée de la crise sanitaire a radicalement bouleversé le quotidien des entreprises françaises. Quels ont été les effets de la crise sanitaire sur votre activité ? (management, effectifs, chiffre d’affaires, …)
Thierry Launois : Spécialiste de l’hygiène des mains depuis 35 ans, l’activité industrielle de JVD a été fortement impactée par la crise sanitaire : nous avons eu une très forte augmentation de notre activité. Avec le renforcement des gestes barrières et plus particulièrement du lavage des mains, nous avons très rapidement vu la demande des produits JVD exploser. En effet, notre principale concurrence, la concurrence chinoise a été entravée par le nouvel an chinois puis par la pandémie : des évènements qui ont fait baisser le nombre d’importations des produits chinois, en France. Nous avons donc vu arriver une demande énorme de nos clients habituels mais également de clients qui s’approvisionnaient, jusqu’ici, en Chine. En quelques semaines, nous nous sommes donc retrouvés au cœur d’une actualité que nous n’avions évidemment pas planifiée de cette manière : nous n’avions pas prévu que la hausse de la demande devienne exponentielle. Nous avons donc fait preuve d’une très forte capacité d’adaptation et d’une bonne agilité. Face à la hausse de la demande, nous avons organisé notre outil industriel pour multiplier par plus de dix les volumes de distributeurs de savon et de gels hydroalcooliques. Nous sommes également passés en 2/8 c’est-à-dire que les journées commençaient à cinq heures du matin pour finir à 22h00. D’autre part, sur les sites français de JVD, les effectifs de l’entreprise sont passés de 50 à plus de 100 personnes.
Ces évolutions ont nécessité des moyens nouveaux et une nouvelle organisation. La crise nous a obligé à nous renforcer dans des domaines de compétences sur lesquels nous avions des axes de progrès comme notamment la supply chain ou encore notre organisation d’administration des ventes. Parallèlement, en pleine tempête de la Covid-19, nous avons aussi accéléré les programmes de modernisation et notamment de digitalisation.
Notre agilité s’est quant à elle caractérisée en adaptant certains de nos produits pour en faire des produits anti-crise et anti-pandémie. Pour exemple, nous avons développé un support en l’espace de trois semaines pour être capable de distribuer du gel hydro alcoolique dans les lieux qui accueillent du public tels que les lieux de passage. En général, nos produits pour les hygiènes des mains sont essentiellement dans les sanitaires publics, désormais ils sont également disponibles dans les lieux de passage ou les espaces de vie collective tels que des open space. Sur un plan managérial, cela nous a mené à développer une animation de crise avec des temps de coordination resserrée.”
Cette crise vous permet-elle d’entrevoir de nouvelles perspectives à l’international ?
Thierry Launois : Oui effectivement, comme nous avons été apte à répondre à la demande, dans un monde qui était très ébranlé et où les circuits d’approvisionnement étaient fragilisés, JVD s’est mis à fournir des revendeurs à travers le monde, des revendeurs nouveaux qui ne faisaient pas partie de nos clients. Nos propres clients à l’étranger ont, quant à eux, été satisfaits de notre réponse : nos collaborations se sont confortées et la visibilité de l’entreprise dans les marchés exports a augmenté. Malgré les reconfinements de certains de nos pays d’exportations, nous restons confiants sur le fait qu’à moyen et long terme, cela nous permettra d’augmenter nos perspectives et nos débouchés.
De manière globale, quel est votre regard sur le secteur de l’hygiène en France, avant la crise et actuellement ? Quelles sont les perspectives ou chantiers d’avenir de ce secteur, selon vous ?
Thierry Launois : De manière générale, nous pensons que l’hygiène devient un sujet de plus en plus présent dans l’esprit du public, de ce fait la demande en condition d’hygiène et en cadre sanitaire renforcé, va être plus forte après la crise. Elle l’est déjà aujourd’hui c’est évident et elle et le sera encore plus demain : d’autres crises viendront et continueront probablement à renforcer ce sentiment. Néanmoins, en France, nous sommes un pays moins discipliné qu’un certain nombre d’autres pays et nous voyons qu’aujourd’hui les dispositifs sanitaires sont souvent moins appliqués qu’ils ne le sont à l’étranger, telle que nous le montre la distribution de gel hydro alcoolique dans les commerces. En effet, le niveau de services qui est proposé aux clients est totalement différent de ce que l’on peut trouver dans d’autres pays : en France se sont souvent des petits bidons qui sont posés dans un coin et qu’il faut chercher de l’oeil; d’autre part l’absence d’obligation de se désinfecter les mains avant de rentrer dans un magasin, contrairement à beaucoup de nos pays voisins, ne facilite pas le processus.
Toutefois, nous le voyons, le niveau d’exigence augmente. Selon moi, les enjeux pour le secteur de l’hygiène professionnelle reposent tout d’abord sur le renforcement des modes opératoires dans les lieux qui accueillent du public. Nous sommes convaincus qu’il faut renforcer le cadre réglementaire et normatif pour s’assurer de la fiabilité des produits qui sont commercialisés en France, d’une part sur leur durabilité mais aussi sur leur niveau d’efficacité et sur leur innocuité. La crise a aussi montré à quel point beaucoup des fournisseurs étrangers et des ’importateurs divers pouvaient être très créatifs et faire entrer sur le territoire national des produits dont on ne mesure pas toujours les impacts négatifs ou les bénéfices à moyen et long terme. Il est donc nécessaire d’avoir une filière industrielle française bien organisée et un cadre normatif exigeant qui limite la dispersion et la distribution de solutions approximatives.
Vous venez de remporter le prix Expert à l’IoT Challenge de Bouygues Telecom pour votre gamme HygiaConnect. Pouvez-vous nous expliquer quelle est la plus-value de l’innovation et du digital dans le secteur de l’hygiène ?
Thierry Launois : L’intérêt de nos solutions d’hygiène connectée, équipées de capteurs et d’outils de communication qui utilisent les réseaux de l’internet des objets (IoT), est de surveiller à distance les conditions d’hygiène et le cadre sanitaire des lieux qui accueillent du public. Cela peut concerner à la fois la surveillance de la fréquentation, la surveillance de l’indice de confort ou encore la disponibilité des consommables (savon, papier essui mains, poubelles entre autres). En surveillant à distance les conditions d’hygiène, nous garantissons un meilleur cadre sanitaire aux lieux qui accueillent du public. Par conséquent, nous sommes en résonance totale avec la thématique actuelle et les exigences qui vont sortir de la crise.
Nos promesses visent, en effet, à améliorer la sécurité sanitaire et le confort des usagers. Grâce à la technologie, nous pouvons savoir ce qu’il se passe en matière d’hygiène sans se déplacer. Nos produits sont donc capables d’entretenir des lieux du point de vue de la propreté, dans un monde qui est devenu imprévisible et où il est difficile de planifier la fréquentation des espaces publics, les bureaux y compris. En effet, nous le voyons, le développement du télétravail prend des proportions énormes, ainsi aujourd’hui il est difficile, pour une société de propreté ou pour un chef d’entreprise, de savoir quels sont les moments les plus opportuns pour réaliser des opérations de propreté.
En conclusion, les professionnels sont confrontés à une double problématique : améliorer le cadre sanitaire tout en ne sachant pas comment les lieux vont être fréquentés et avec quel niveau d’exigence. Les produits d’hygiène connectée JVD permettent de répondre à cette problématique grâce à une surveillance à distance de tous ces paramètres. Nos technologies nous permettent probablement aujourd’hui d’apporter la meilleure réponse au marché pour relever ces défis.
Vous annonciez en septembre 2020, l’arrivée de Pierre-Alexandre Niemir-Deveau, docteur en sciences de l’environnement afin de prendre la tête de la ligne des produits Qualité d’air. Pourquoi avoir opéré un tel recrutement ? De quelle manière expliquez-vous votre investissement dans le secteur de la qualité de l’air ?
Thierry Launois : Le recrutement de Pierre-Alexandre Niemir-Devaud n’est pas significatif d’un revirement de l’activité de JVD mais est davantage appréhendé comme une extension de nos domaines d’intervention. Après avoir œuvré en tant qu’industriel dans la fabrication et la conception de produits pour l’hygiène des mains, c’est tout naturellement que nous nous tournons vers l’hygiène de l’air. Ainsi, notre ambition pour les prochaines décennies est d’amener des solutions efficaces, développées et fabriquées en France, pour garantir une bonne qualité de l’air intérieure. C’est un défi notable car nous sommes dans un monde où uniquement en France les diverses pollutions sont reconnues pour être responsables de près de 48 000 décès par an, et ce dans un contexte où l’être humain respire 15 000 d’air par jour. Par conséquent, le projet stratégique de JVD est d’amener des solutions fiables et efficaces en matière de purification de l’air.
C’est donc à ce titre que nous avons souhaité recruter Pierre-Alexandre Niemir-Deveau. Ce dernier fait partie des rares scientifiques qui depuis presque 15 ans se sont fait une spécialité des sujets de purification de l’air. Son expertise était déjà reconnue en 2007 lorsqu’il avait accompagné une délégation présidentielle de Jacques Chirac en Chine après avoir été désigné comme faisant partie des 100 chercheurs et scientifiques les plus prometteurs de France. A cet égard, Pierre-Alexandre Niemir-Deveau a eu l’occasion de travailler sur des sujets de normalisation et des travaux pointus dans le domaine sur la purification de l’air.
Quels sont vos objectifs pour cette nouvelle année ?
Thierry Launois : Nous nous efforçons quotidiennement de jouer un rôle utile en proposant des solutions à la fois dans le domaine de l’hygiène des mains et de l’air. Notre volonté est de créer les conditions nécessaires permettant le retour du public dans l’espace commun mais également en jouant un rôle dans l’emploi en France. En effet, nos produits JVD sont conçus et fabriqués en France, c’est ainsi une opportunité pour nous de faire vivre le tissu économique français.