L’Organisation mondiale de la santé organise son premier sommet sur le thème de la médecine traditionnelle. De nombreux sujets sont prévus à cette occasion : accès à la santé, financements, science et médecines parallèles, biodiversité…
Médecine traditionnelle : un intérêt croissant malgré des dérives possibles
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) porte un regard ambivalent sur les médecines traditionnelles. Pourtant, depuis de nombreuses années déjà, elle s’intéresse à ce sujet. En effet, il peut s’agir d’une solution pour donner accès à la santé à une partie de la population mondiale.
L’OMS définit les médecines traditionnelles comme une : « somme des connaissances, capacités et pratiques basées sur des théories, croyances et expériences propres à différentes cultures, explicables ou non, utilisées autant pour l’entretien de la santé que la prévention, le diagnostic, l’amélioration ou le traitement de maladies physiques et mentales ».
En tant que première organisation de santé dans le monde, il semble logique que l’OMS s’intéresse particulièrement à ce sujet. D’autant que, comme elle le souligne : « […] 170 des 194 États Membres de l’OMS ont indiqué recourir à des médicaments à base de plantes, à l’acupuncture, au yoga, aux traitements autochtones et à d’autres formes de médecine traditionnelle[…] ».
Néanmoins, il est également important de préciser que les soins alternatifs peuvent générer de nombreuses dérives et des fausses promesses. L’organisation doit donc réfléchir aux bienfaits de la médecine traditionnelle tout en alertant sur les problèmes qu’elle peut engendrer. Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur de l’OMS, le rappelle d’ailleurs. Il indique qu’elle doit être utilisée : « de manière appropriée, efficacement et, par-dessus tout, basée sur les plus récentes preuves scientifiques sûres ».
Diminuer les écarts d’accès à la santé grâce à la médecine traditionnelle
L’OMS a donc décidé d’organiser, les 17 et 18 août 2023, son premier sommet sur les médecines traditionnelles. Il se déroule à Gandhinagar, en Inde, en parallèle à la réunion des ministres de la Santé du G20.
Plusieurs thèmes sont prévus lors des échanges, comme, par exemple, celui de l’accès à la santé pour tous. En effet, de nombreuses personnes dans le monde n’ont accès aux soins qu’à travers les médecines parallèles. Ainsi, le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus souligne que : « La médecine traditionnelle peut jouer un rôle important et catalyseur dans la réalisation de l’objectif de la couverture sanitaire universelle […] ». Il rappelle également que la médecine traditionnelle peut : « […] combler les lacunes en matière d’accès pour des millions de personnes dans le monde. »
Renforcer le lien entre science et médecines parallèles
Un autre sujet important du sommet est la capacité de nourrir la science grâce aux médecines traditionnelles comme l’indique l’OMS. Elle précise : « La médecine traditionnelle a contribué à des découvertes médicales révolutionnaires et continue d’être très prometteuse. »
Si la science peut tirer profit des médecines parallèles, l’inverse est également vrai. Ainsi, il est important de contrôler les techniques de soins alternatifs afin de les sécuriser. Le docteur John Reeder souligne : « Il conviendrait d’appliquer les mêmes normes rigoureuses à faire progresser la science sur la médecine traditionnelle qu’à d’autres domaines de la santé. »
Enfin, l’OMS profite également de cette réunion pour présenter les résultats de la troisième enquête mondiale sur la médecine traditionnelle. Celle-ci doit permettre d’actualiser la stratégie de l’organisation en matière de médecine traditionnelle entre 2025 et 2034. Entre autres sujets soulevés par cette enquête et par le sommet, on peut retenir les questions du financement des médecines parallèles, de la biodiversité et de la santé des peuples autochtones.