En Asie du Sud-Est, la résistance aux deux médicaments les plus souvent utilisés pour traiter le paludisme inquiète les professionnels de santé.
Des parasites résistants aux antipaludiques
En effet, deux études, disponibles dans The Lancet Infectious Diseases, montrent que l’artémisinine et la pipéraquine sont moins efficaces du fait de la résistance des parasites à ces médicaments. Ainsi, 80 % des parasites trouvés en Asie du Sud-Est sont devenus résistants. Ces résultats sont d’autant plus inquiétants qu’il s’agit des deux traitements les plus souvent utilisés contre le paludisme.
C’est dans le bassin du Mékong que les chercheurs ont découvert, en étudiant le génome des parasites, que ces derniers ont muté au niveau génétique et ont voyagé d’un pays à l’autre. À partir de 2009, les parasites résistants, que l’on trouvait seulement au Cambodge, se sont déplacés un peu partout en Asie du Sud-Est. Conséquences, les parasites, notamment ceux de la souche à Plasmodium falciparum, tiennent en échec les traitements.
À propos de cette souche, le professeur Olivo Miotto, du Wellcome Sanger Institute et de l’université d’Oxford, qui a co-signé les deux études, précise : « Cette souche parasitaire résistante très efficace est capable d’envahir de nouveaux territoires et d’acquérir de nouvelles propriétés génétiques. » Les scientifiques sont donc inquiets de la possibilité de voir les parasites voyager jusqu’en Afrique, continent particulièrement touché par le paludisme.
Utiliser rapidement d’autres traitements antipaludiques
Le paludisme est une maladie qui touche de nombreuses personnes, chaque année, avec 220 millions de cas et, en moyenne, 500 000 morts. Seuls moyens d’y faire face, la lutte contre les moustiques, qui sont le vecteur principal de propagation de la maladie, et les traitements antipaludiques. Mais, aujourd’hui, les moustiques sont plus résistants aux insecticides et les parasites aux traitements.
Des scientifiques appellent donc à cesser rapidement l’utilisation des traitements les plus communs contre le paludisme. Ils doivent être remplacés par d’autres médicaments qui ne sont pas encore concernés par le problème de la résistance développée par les parasites.