Pour faire connaître les dispositifs de protection des populations mis en place en cas d’accident nucléaire, le gouvernement soigne sa communication. Courant septembre 2019, une campagne visant à distribuer des pastilles d’iode à l’ensemble des riverains vivants autour des centrales nucléaires et à rappeler les réflexes à avoir en cas d’accident nucléaire sera organisée.
Ce 17 septembre, une nouvelle opération de sensibilisation sur les risques potentiels liés à une installation nucléaire et aux moyens de s’en protéger est lancée. Une campagne orchestrée conjointement avec une myriade d’acteurs, l’Autorité de sûreté nucléaire bien sûr, mais aussi l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, les ministères de l’Intérieur, de la Santé et de l’Éducation Nationale, le Conseil national de l’ordre des pharmaciens, ou encore le Conseil national de l’ordre des médecins. EDF, l’exploitant des centrales nucléaires françaises participe également à cette campagne. « Dans ce cadre est lancée une campagne d’information et de distribution préventive de comprimés d’iode à l’attention de l’ensemble des riverains et des responsables d’ERP résidant dans un rayon de 10 à 20 km autour des 19 centrales nucléaires françaises » a explicité l’ASN.
Les 2,2 millions de riverains et 204 000 ERP (Établissements recevant du public) concernés recevront des courriers d’information pédagogique, et seront invités à se rendre en pharmacie pour retirer les comprimés et recevoir les conseils de professionnels de santé. L’opération se déroulera sur les 1 100 communes et 33 départements situés à proximité des 19 centrales nucléaires du territoire français.
Pourquoi cette campagne ?
Suite à une décision de Ségolène Royale, alors ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie en 2016, le rayon d’application des PPI (Plans particuliers d’intervention), pensé pour apporter des réponses et secours appropriés aux populations en cas d’incident nucléaire, est passé de 10 à 20 km. Une mesure qui « vise à organiser au mieux la réponse des pouvoirs publics ainsi qu’à sensibiliser et préparer la population à réagir en cas d’alerte nucléaire » selon l’ASN. La décision avait notamment été prise suite à l’analyse des retours d’expérience de l’accident nucléaire de Fukushima en 2011.
Il s’agit donc de la première campagne de distribution de pastilles depuis l’extension de la zone. L’objectif affiché ? La formation de l’ensemble des nouveaux riverains habitants dans le rayon étendu sur les bonnes pratiques à adopter en cas d’incident, mais aussi la mise à disposition dans l’ensemble des zones de PPI des pastilles d’iode. Les habitants résidant dans un rayon situé entre 10 et 20 km, ainsi que les ERP, pourront se les procurer en présentant un bon reçu préalablement par courrier ou sur présentation d’un justificatif de domicile.
Si de nouveaux habitants ont rejoint depuis la précédente campagne de distribution de pastilles d’iode, en 2016, le rayon de 0 à 10 km autour d’une centrale nucléaire, ils peuvent retirer dans une pharmacie de la zone 0 à 10 km les pastilles en pharmacie sur présentation d’un justificatif de domicile.
Composés d’iode stable, ces comprimés permettent de protéger la thyroïde en cas de rejet accidentel d’iode radioactif dans l’atmosphère. Un procédé expliqué par le professeur Martin Schlumberger chef du service de médecine nucléaire de l’institut de cancérologie Gustave Roussy : « On peut protéger la thyroïde et éviter son irradiation en donnant de grandes quantités d’iode stable sous la forme d’iodure de potassium, et cet iodure de potassium va empêcher l’iode radioactif d’entrer dans la thyroïde et ainsi empêcher que la thyroïde ne soit irradiée. » Une manière pour le gouvernement de rassurer les populations riveraines autour de ces sites, mais aussi de faire le point sur la multitude des dispositifs de sécurité prévus en cas d’incidents : en expliquant aux populations comment réagir en cas de problème, il est rappelé aussi à quel point ces centrales sont surveillées et prêtes à toute éventualité.
Des unités d’intervention spécifiques en cas d’accident
En effet, les exploitants et les institutions publiques concernés sont régulièrement tenus de mettre à jour leurs différents plans d’intervention en cas d’incident. Chaque centrale dispose d’un Plan d’Urgence Interne (PUI) destiné à en limiter les conséquences d’une situation accidentelle et à protéger les personnels travaillant à l’intérieur du site. L’État, via les Préfectures, met en place un Plan Particulier d’Intervention (PPI) visant à organiser les secours, les éventuelles procédures de décontamination, ou encore l’information de la population.
Les deux principaux acteurs du nucléaire civil disposent notamment de leur propre force d’intervention, formée à intervenir rapidement pour fournir des renforts humains ainsi que des moyens matériels de secours. La FARN (Force d’Action Rapide du Nucléaire) pour EDF, et la FINA (Force d’Intervention Nationale) pour Orano peuvent ainsi être déployées en moins de 24 h et sont capables de réaliser des missions variées.
Le principe d’amélioration continue de la sûreté des installations nucléaires fait partie de l’ADN des exploitants et est mis en œuvre grâce aux enseignements issus de l’exploitation des 58 réacteurs français et des leçons tirées des incidents nucléaires dans le monde. Aussi, de nombreuses initiatives ont été mises en place pour répondre aux préoccupations des citoyens et leur permettre de s’exprimer. Depuis 2001, 5 débats nationaux et locaux ont permis cette ouverture vers le grand public. Face à une opinion publique parfois inquiète, la filière nucléaire française mise donc sur la transparence pour mieux faire connaître cette source d’électricité non émettrice de CO2.