Le Viagra, cette petite pilule bleue permettant d'avoir une meilleure érection, sera le premier médicament vendu en ligne directement par Pfizer, le laboratoire pharmaceutique qui le produit. Une première dans l'industrie des médicaments qui pourrait bien changer radicalement les habitudes de l'industrie pharmaceutique et permettre de lutter contre les contrefaçons.
La pilule de Pfizer sera disponible directement sur le site viagra.com, site contrôlé par le laboratoire lui-même. Une manière de s'approprier un marché virtuel encore peu utilisé par les laboratoires pharmaceutiques et dont l'évolution pose des problèmes de santé graves, en particulier à cause des contrefaçons.
Les hommes qui nécessitent cette pilule se tournent en effet de plus en plus vers les sites en ligne afin de ne pas devoir subir la « honte » de demander ce médicament à son pharmacien. Mais les sites regorgent de contrefaçons et certaines peuvent provoquer des problèmes graves.
Pfizer semble avoir trouvé une solution intelligente sans aller à l'encontre des lois : une prescription médicale sera toujours nécessaire pour se procurer la petite pilule bleue. Et comme les laboratoires pharmaceutiques n'ont pas l'autorisation de délivrer des médicaments aux particuliers, cela ne peut être fait que par les médecins et les pharmaciens, ce ne sera pas la mort des pharmacies.
Pfizer a trouvé dans la chaîne de pharmacies américaines CVS Caremark Corp le partenaire idéal. Ce sera donc à elle de se charger de la vérification des prescriptions. Le Viagra n'étant pas un médicament dont la vie du patient dépend, cela ne pose aucun problème.
Le contrôle sur ce marché permettra à Pfizer de contrôler ses gains, bien entendu, mais aussi de limiter la vente de pilules contrefaites. Toujours en augmentation, le nombre de médicaments contrefaits, en particulier du Viagra qui est la drogue la plus contrefaite aux Etats-Unis, commence à inquiéter les organismes de santé publique tout comme les industries concernées.
Ce système ne peut, pour l'instant, être appliqué qu'aux médicaments dont la vie du patient ne dépend pas puisque le traitement de la demande est plus long. Mais il permet au patient dont la pathologie, non grave, est gênante de se défaire du regard des autres.
L'idée de Pfizer, selon les experts du secteur, peut fonctionner et peut faire des émules. Les traitements pour des problèmes secondaires comme le dysfonctionnement érectile ou encore la calvitie sont très populaires et sont ceux qui sont le plus contrefaits sur internet.
Le Viagra en est sans doute l'exemple le plus marquant. Sa popularité et sa fonction en font la cible idéale pour une contrefaçon : en 2011, Pfizer a publié une étude où le laboratoire montrait que 77 % des pilules achetées sur 22 sites internet des plus populaires en Amérique n'étaient autre que des contrefaçons.
Ce qui attire les consommateurs vers ces faux médicaments est surtout le prix : si une pilule de Viagra vendue sur le site de Pfizer devrait coûter environ 25 dollars, certains sites en ligne proposent la contrefaçon à 3 voire 1 dollar.
Ces pharmacies en ligne déclarent vendre du « Viagra générique » ce qui est totalement faux. Le générique, copie ç l'identique du médicament princeps, ne peut être vendu qu'après expiration des brevets. Or, Pfizer détient des brevets sur le Viagra valables jusqu'en 2020.