Les cours d’eau en Europe sont dans un état sanitaire critique. C’est l’alerte lancée par la Commission européenne dans un rapport publié le mardi 4 février. Selon ce document, seulement 39,5% des masses d’eau de surface de l’UE sont en bon état écologique et 26,8% en bon état chimique.
Un nouvel avertissement. Dans un rapport publié le 4 février, la Commission européenne annonce que plus de la moitié des eaux de surface (lacs, rivières et fleuves) en Europe sont dans un état « très critique ». En effet, seulement 39,5% des masses d’eau de surface de l’UE étaient en bon état écologique et 26,8% en bon état chimique en 2021 (contre 33,5% en 2015).
Les produits chimiques, premiers responsables du mauvais état des cours d’eau en Europe
Selon la Commission européenne, cette situation inquiétante est principalement due à une large contamination par le mercure et d’autres polluants toxiques. Outre les produits chimiques, l’institution pointe du doigt l’impact de diverses pressions. Comme une utilisation non durable des sols, une mauvaise gestion structurelle, des changements hydro-morphologiques [le fait de canaliser les cours d’eau par exemple], le changement climatique, l’augmentation de la demande d’eau et l’urbanisation galopante.
Les nappes phréatiques plutôt en bon état
Si la santé des cours d’eau se dégradent, ce n’est heureusement pas le cas des nappes phréatiques, constate la Commission européenne. Les eaux souterraines ont plutôt connu une légère amélioration. En effet, 86% de ces masses d’eau étaient en bon état chimique en 2021 contre 82,2% en 2015. Une nette amélioration donc ! Mais elle ne s’observe pas dans toute l’Union européenne.
La situation reste critique en France
En France, par exemple, l’état des nappes phréatiques reste inquiétant. Le rapport relève que 31 % d’entre elles sont polluées par des pesticides et des nitrates, à cause de l’agriculture notamment En juillet 2024, la Commission européenne a engagé une procédure contre la France devant la Cour de justice de l’Union européenne pour non-respect de la directive sur l’eau potable. Elle a pointé des concentrations trop élevées de nitrates.
L’UE demande à ses États membres de rétablir la bonne santé des cours d’eau d’ici 2027
Dans son rapport publié le 4 février, la Commission européenne prévient que les Etats membres de l’UE ne pourront pas atteindre les objectifs européens sur la qualité de l’eau en 2027. Il existe en effet une obligation européenne de rétablir le « bon état » des masses d’eau d’ici à deux ans. Pour le WWF, les États ont failli à leur devoir de protéger les citoyens des effets de la pollution et de leur garantir l’accès à des quantités suffisantes d’eau de bonne qualité.
Une stratégie sur la résilience des cours d’eau attendue au printemps
Le rapport de la Commission européenne vient s’ajouter aux nombreuses alertes d’experts quant à la mauvaise santé de nos eaux douces. Ce document doit nourrir « la stratégie sur la résilience hydrique » attendue ce printemps. Cette stratégie fait actuellement l’objet d’une consultation publique ouverte jusqu’au 4 mars. Jessika Roswall, la commissaire européenne chargée de l’environnement, promet une proposition en fin d’année pour réviser la loi encadrant les substances chimiques en Europe (Reach) et pour mieux lutter contre les PFAS.
Interdire les PFAS dans les produits de consommation courante
Les PFAS, ou « polluants éternels », sont des substances utilisées dans de nombreux produits du quotidien comme les vêtements et les meubles. Elles sont quasi indestructibles, d’où leur nom. Ces composés peuvent ainsi contaminer les sols et les eaux pendant plusieurs décennies. Jessika Roswall voudrait les interdire dans les produits de consommation courante comme les boîtes à pizza et les vêtements imperméables.
La dépollution aux PFAS coûtera cher à l’Europe
La commissaire suédoise envisage toutefois des exceptions pour certains produits jugés indispensables, comme ceux du domaine médical. Elle estime qu’il faut d’autant bannir les PFAS que ces substances constituent déjà un problème en Europe, car déjà abondamment présentes dans les sols et les eaux. La dépollution des sites coûtera très cher, jusqu’à 100 milliards d’euros par an. Certaines ONG proposent de faire payer les industriels les plus polluants afin de financer cette tâche colossale.