Un bébé porteur de l’ADN de trois parents est né au mois d’avril dernier. La nouvelle qui vient d’être publiée pose des questions éthiques sur cette première mondiale.
Naissance d’un bébé avec trois parents : une première mondiale !
La nouvelle de la naissance du premier bébé à trois parents, qui ne devait être annoncée que lors d’un congrès aux États-Unis au mois d’octobre, vient de filtrer dans les médias. L’information a donc été confirmée, quelques heures après la fuite dans le magazine scientifique britannique New Scientist, par l'American Society for Reproductive Medicine (ASRM).
Et c’est un événement qui fait déjà grand bruit ! En effet, si les techniques permettant ce type de naissance étaient déjà connues, voire même légales dans certains pays comme au Royaume-Uni, elles n’avaient pas encore été utilisées jusque-là, étant assez controversées.
C’est l’équipe médicale internationale du Dr John Zhang, du Centre New Hope Fertility à New York, qui a pratiqué cette intervention pour un couple jordanien avec l’aide d’une donneuse. Cette première mondiale implique que le petit garçon, né au mois d’avril au Mexique, ait techniquement trois parents.
Un bébé porteur de trois ADN
Les parents jordaniens avaient déjà mis au monde deux petites filles décédées prématurément, car atteintes du syndrome de Leigh. Cette maladie, véhiculée par leur mère porteuse saine, implique un dysfonctionnement des mitochondries. Pour éviter qu’une prochaine grossesse n’aboutisse au même résultat malheureux, le couple a fait appel au Dr John Zhang pour tenter une fécondation in vitro utilisant la technique de transfert du noyau.
L’équipe médicale a donc pris un noyau d’un ovocyte de la mère, porteur de son ADN, et l’a inséré dans l’ovocyte d’une donneuse, dont le noyau avait été retiré. Puis l’ensemble a été fécondé avec un spermatozoïde du père. L’ovocyte ainsi manipulé dispose de mitochondries saines, évitant la transmission du syndrome de Leigh. Il est porteur de l’ADN nucléaire des deux parents, mais également de l’ADN mitochondrial de la donneuse.
Sur les cinq embryons créés à partir de cette technique, un seul a pu se développer correctement et donner naissance à un petit garçon. Les embryons féminins ont été écartés du processus afin de ne pas être susceptibles de transmettre la maladie aux futures générations.
Aujourd’hui, le bébé de cinq mois se porte très bien et le Dr John Zhang, interrogé par le New Scientist, a indiqué que : « Seules 1 % de ses mitochondries sont porteuses de la mutation délétère ».
Des techniques controversées
Il existe plusieurs techniques permettant d’aboutir à ce résultat. Celle utilisée par le Dr John Zhang est l’une d’entre elles. Celle autorisée en Grande-Bretagne, mais encore jamais utilisée sur place, en est une autre.
Quelle que soit la technique, de nombreux spécialistes des mitochondries apportent des témoignages modérés sur ces procédés. En effet, des transferts cytoplasmiques (injections de mitochondries de donneuses dans des ovocytes) ont déjà été menés aux États-Unis dans les années 90. Les résultats mitigés ont amené les autorités sanitaires américaines à interdire le procédé en 2002. Des doutes subsistent donc quant au développement normal du bébé dans les années à venir.