Selon l’Agence européenne de l’environnement, un Européen sur trois est exposé à une pollution excessive. Principalement dans les villes, en raison du trafic automobile, la situation ne s’améliore pas, faute de réglementations ambitieuses. A cela s’ajoute la potentielle nocivité de l’air intérieur, sujet pour lequel les citoyens ont jusqu’ici été peu sensibilisés et qui sera abordé lors du colloque les Respirations, organisé aujourd’hui.
96% des citadins exposés à la pollution atmosphérique
« La mauvaise qualité de l’air constitue toujours un enjeu majeur pour la santé publique. Nous sommes encore loin d’avoir atteint notre objectif qui permettrait de limiter les effets négatifs pour la santé et l’environnement ». Le constat de Janez Potocnik, commissaire européen chargé de l’Environnement, est très clair : l’Europe doit faire plus pour réduire la pollution urbaine et garantir une meilleure qualité de l’air à ses citoyens.
Publié le 15 octobre, le rapport de l’Agence européenne de l’environnement (AEE) indique que des efforts notables ont été accomplis pour la réduction des émissions de dioxyde de soufre, de monoxyde de carbone ou encore de benzène. Cependant, ces réductions n’ont pas été suffisantes pour améliorer durablement la qualité de l’air en Europe. Les particules fines en suspension ainsi que l’ozone continuent de présenter des risques importants pour la santé. Leurs effets nocifs se sont particulièrement fait ressentir dans les zones urbaines et à sur les écosystèmes avec un impact négatif pour la végétation et la biodiversité.
Les transports, l’industrie, les centrales électriques ou encore l’agriculture sont les principales activités contribuant à la pollution de l’air. A cet égard, l’amélioration de la qualité de l’air entre naturellement dans le cadre de l’effort pour la transition énergétique. De fait, les énergies fossiles ou particulièrement polluantes comme le charbon sont toujours fortement utilisées, car leur coût est largement inférieur à celui des énergies renouvelables non polluantes.
Au total, d’après l’AEE, entre 2009 et 2011, ce sont plus de 96% des citadins européens qui ont été exposés à des niveaux de concentrations en particules fines supérieurs à ceux prévus par l’Organisation mondiale de la santé. Or ces dernières peuvent être responsables de maladies cardiovasculaires et de troubles respiratoires.
Pour lutter contre ce phénomène, Hans Bruyninckx, directeur exécutif de l’Agence européenne de l’environnement recommande de renforcer les réglementations en vigueur. « Selon les normes actuelles, une grande partie de la population ne vit pas dans un environnement sain. Pour s’engager sur la voie de la durabilité, l’Europe devra se montrer ambitieuse et aller plus loin que la législation en cours », a-t-il indiqué. Une déclaration qui a cependant tout d’un vœu pieux si l’on considère que la plupart des Etats membres de l’Union européenne ont déjà du mal à respecter les seuils définis en 2010.
Informer la population sur les enjeux de la qualité de l’air intérieur
Et à la mauvaise qualité de l’air extérieur s’ajoute la faible sensibilisation des citoyens à la qualité de l’air intérieur. Or les enjeux sanitaires et économiques relatifs à l’air intérieur sont tout autant considérables. En France, l’asthme concerne en effet 3,5 millions de personnes, tandis que 50 000 patients sont atteints d’insuffisances respiratoires graves. Pour informer la population, le Gouvernement, va mettre en place un outil d’autodiagnostic sur internet. Il permettra de dresser un premier bilan et de proposer des solutions, comportementales ou techniques.
En outre, depuis le 1er janvier 2013, les dispositions relatives à l’étiquetage des produits ont été durcies. Cela concerne les matériaux de construction et de décoration, les désodorisants et produits d’entretien, ainsi que le mobilier. « Nous sommes davantage sur l’évaluation des produits qui provoquent des allergies respiratoires de type rhinite, bronchite, asthme ou oculaire comme la conjonctivite », explique Pascal Roux, médecin expert en santé environnement qui est d’ailleurs présent à la 9e édition des Respirations, colloque sur l’air intérieur et extérieur qui a lieu aujourd’hui à Enghien-les-Bains
Dans les années à venir, les Etats européens vont donc être susceptibles de multiplier les mesures en faveur de la qualité de l’air. La France a par exemple lancé un débat sur le diesel, carburant particulièrement émetteur de particules fines et qui est utilisé par 65% du parc automobile national. De plus, en 2014, l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur sera chargé de mener une campagne sur les bâtiments à haute performance énergétique afin de mener une surveillance accrue sur l’air intérieur des établissements de santé ou encore d’éducation. Autant de mesures nécessaires à l’amélioration des conditions de vie de millions de personnes.