Dans le cadre de notre dossier consacré à l’arrêt de la cigarette, nous vous proposons un petit tour d’horizon des méthodes et solutions proposées pour en finir avec cette addiction. Si certaines semblent apporter des résultats probants, d’autres en revanche peinent à convaincre. Dans ce premier volet, on vous dit tout sur l’hypnose, méthode volontiers considérée comme ésotérique, mais pas forcément inefficace.
Parmi les méthodes actuelles proposées pour arrêter de fumer, l'hypnose apparaît comme une alternative, une sorte de voie du milieu entre les substituts nicotiniques et la seule volonté du fumeur. Pourtant, bien pratiquée, la technique peut s’avérer efficace. Sur quels ressorts l'hypnose s'appuie-t-elle pour endiguer l'envie de fumer ? Quels en sont les résultats ?
Dans le cadre de la lutte contre le tabac, ce sont essentiellement les médecins, psychiatres et thérapeutes spécialisés qui pratiquent l'hypnose, preuve que la technique n'a rien d'un tour de passe-passe voire d'un coup de bluff comme peuvent le penser certains, mais qu'il s'agit bel et bien d'une discipline scientifique des plus sérieuses.
Le principe de la technique
Le terme hypnose vient du grec hypnos, qui signifie sommeil. L'origine sémantique décrit à la fois bien et mal ce sur quoi repose l'hypnose : le patient est plongé dans un état de sommeil-éveillé, un entre deux ni tout à fait l’un, ni tout à fait l’autre. Dans la prise en charge médicale de l'arrêt du tabac, l'hypnose s'appuie sur un mécanisme de suggestion ainsi que sur le concept dit de l'empreinte. Durant la séance, le thérapeute suggère au patient une série d'informations visant à lui faire passer l'envie de fumer et imprègne dans son subconscient l'idée que la vie sans tabac est bénéfique à plus d'un titre.
Le thérapeute suggère par exemple le fait que fumer entraîne des nausées, que l'arrêt de la cigarette permet de retrouver une pleine respiration ainsi que le goût des aliments et un odorat plus fin, ou encore le fait que rompre avec cette dépendance est synonyme d'un grand sentiment de liberté retrouvée et donc de bonheur. Une autre méthode consiste à pratiquer l'hypnoaversion : les informations suggérées par le thérapeute ont pour but de répugner le fumeur, de le dégoûter de la cigarette, de son odeur et de son goût.
La relation entre le patient et le thérapeute est essentielle pour que la technique porte ses fruits et la démarche volontaire du fumeur l'est tout autant. Il faut donc qu'il y ait d'une part une réelle volonté d'arrêter de fumer et de l'autre une confiance envers le thérapeute.
A ce jour, la méthode la plus couramment utilisée est celle développée par le psychiatre américain Hubert Spiegel, qui se fonde sur trois suggestions principales : la fumée est un poison, la vie sans fumer est plaisante et le corps mérite d'être protégé des méfaits du tabac. Toutefois, une autre école prône la méthode ericksonienne mise au point par le psychiatre américain Erickson. Selon cette approche, les suggestions sont orientées vers la notion du plaisir de se sentir libre sans que le tabac et la cigarette soient évoqués.
Déroulé d'une séance et efficacité de l'hypnose
Avant de passer à la séance d'hypnose à proprement parler, un entretien préalable entre le patient et le thérapeute est nécessaire. Il permet d'évaluer :
- le niveau de dépendance du fumeur
- ses motivations profondes
- son environnement professionnel, amical et familial
- ses craintes quant aux effets secondaires du sevrage tabagique : angoisse, prise de poids, perte du sommeil, anxiété…
Suite à cet entretien, le thérapeute définit une stratégie d'hypnothérapie adaptée au cas personnel du patient. La séance se déroule alors en plusieurs étapes :
- test de suggestibilité : le patient est-il réceptif à l'hypnose ?
- phase d'induction : ensemble de messages délivrés par le thérapeute, dans le but de faire entrer le patient en état d'hypnose
- état de pesanteur
- phase d'engourdissement
- suggestions thérapeutiques : elles peuvent être positives – "le patient a la force de vivre sans fumer" – ou négatives : "le tabac provoque de fortes nausées"
- phase de réveil
Des conseils sont enfin prodigués par le thérapeute afin que le patient ne fasse pas une rechute.
Quant à l'efficacité de la technique, même si l'hypnose n'est pas une solution miracle, elle affiche tout de même des résultats satisfaisants : 72% des patients ont totalement arrêté la cigarette un mois après la séance, 63% deux mois après, 45% après trois mois et 40% six mois plus tard. Et les effets secondaires redoutés par les anciens fumeurs s'avèrent en réalité d'une portée plus limitée, car 13% seulement ont ressenti de l'anxiété dans les premiers jours suivant la séance, 30% ont pris du poids et 5% sont entrés dans un état de relative dépression passagère. Des chiffres qui démontrent que bien pratiquée, l'hypnose peut porter ses fruits sur l'arrêt de la cigarette en limitant également les effets secondaires liés au sevrage. Si tant est que l’envie d’arrêter de fumer soit au préalable véritablement ancrée dans l’esprit du fumeur, et qu’elle s’accompagne d’une réelle volonté !
A lire également :
– Quatre méthodes plus ou moins fiables pour arrêter de fumer : les substituts nicotiniques (2/4)
– Quatre méthodes plus ou moins fiables pour arrêter de fumer : le paquet neutre (3/4)