Le 25 mars dernier, François Hollande a assisté à la fin du troisième colloque international sur la sécurité nucléaire à la Haye. Des années après la catastrophe de Tchernobyl et 3 ans après Fukushima, les esprits restent hantés par la peur du nucléaire. Une phobie légitime qui amène cependant les Français à se méfier de tout et parfois à tort, particulièrement lorsqu’il s’agit de radioactivité. Alors que les médias font leurs choux gras de prétendus « scandales » radioactifs, la science est heureusement là pour rappeler où se situe réellement le danger.
L’amalgame du nucléaire
Entre la récente incursion de militants de Greenpeace dans la centrale nucléaire de Fessenheim et la commémoration de l’accident de Fukushima de mars 2011, le nucléaire prend aujourd’hui une place importante dans l’actualité. Catastrophée par les évènements de Tchernobyl, la population a peu à peu glissé vers une phobie du nucléaire tout à fait compréhensible. Ce qui l’est moins, c’est le déplacement de cette peur du nucléaire vers tout ce qui pourrait avoir un rapport de près ou de loin avec le terme « radioactif ».
Souvent montés en épingle par les médias, les sujets touchant à la radioactivité provoquent une panique irrationnelle chez les Français que les hommes et femmes politiques d’aujourd’hui ne font rien pour calmer. « Une source radioactive à l’hôpital Lyon-Sud », « Saint-Quentin, alerte à la radioactivité », « De l’eau radioactive en Ile-de-France »… Les gros titres se succèdent et l’amalgame entre nucléaire et radioactivité se fait de plus en plus présent.
Radioactivité ne veut pas dire danger
Si présent qu’en 2005, pour 65,85 % des Français, le terme radioactivité évoquait le danger quand 7,76 % optaient pour la peur, selon un sondage réalisé par le site 1001-votes. Embrigadée dans une stratégie politico-médiatique qui veut que tout se qui touche à la radioactivité soit tabou, une grande majorité des Français voit une menace dans un phénomène qui est pourtant parfois complètement naturel et qui nous entoure sans nécessairement causer de danger au quotidien.
La radioactivité est en effet omniprésente, sans pour autant que nous en ayons toujours conscience. Le sol que nous foulons chaque jour, le lait que nous buvons chaque matin, les aliments que nous ingérons à chaque repas, les murs entre lesquels nous dormons chaque nuit et même notre propre corps… Les sources radioactives, naturelles comme artificielles, sont multiples et ne sont pas toutes objectivement dangereuses. Comme pour de nombreux autres sujets, il convient ici de relativiser. Presque tous les corps présentent une activité radioactive, mesurée en Becquerel (Bq). La radioactivité d’un corps humain est en moyenne supérieure à 8 000 Bq quand un litre de lait présente 70 Bq. Un kilogramme de pomme de terre produit 150 Bq, soit 6,5 fois moins qu’un kilogramme de granit (1 000 Bq/kg).
Des effets sur l’homme très contrastés
Les effets sur l’homme dus à la radioactivité sont, eux, mesurés en Sievert, plus particulièrement en milliSievert (mSv). Ainsi, les radons contenus naturellement dans l’air que nous respirons diffusent 1,3 mSv par an tandis que le nucléaire militaire en produit 0,01 chaque année. Une radio dentaire diffuse en une fois l’équivalent de trois ans de rejet d’une centrale nucléaire dans l’environnement. Un scanner abdominal exposera le patient à 12 mSv, tandis que l’équipage d’un avion de ligne assurant des vols polaires en permanence recevra une irradiation de plus de 5 mSv par an. Pas de quoi s’inquiéter selon la Commission internationale de Protection contre les Rayonnements ionisants (CIPR) qui autorise une dose maximale de 20 mSv pour les travailleurs soumis régulièrement aux rayonnements.
Alors qu’un Français reçoit environ 3,2 mSv par an, radioactivités naturelles et artificielles confondues, les taux de radioactivité dans certaines régions de l’Inde par exemple peuvent dépasser les 10 mSv/an. Le nucléaire et la radioactivité, comme tous les sujets qui peuvent toucher à la santé, sont à prendre extrêmement au sérieux, mais il est important de ne pas tomber dans le « pathos ». À l’heure où les médias privilégient le sensationnel, la science est là pour rappeler à tout un chacun où se situent les réels dangers. À chacun son métier et les vaches seront bien gardées.
rnCopie à réviser !rnrn”les radons contenus naturellement dans l’air” … Pas “les” mais le Radon … un gaz venu du sol … rnQuand au “nucléaire militaire” c”est à pleurer et pas de chiffre pour les centrales …rnrnVenez donc vous promener avec moi … mais n”oubliez pas votre dosimètre !rnrnAlors oui, c”est de circonstance : “À chacun son métier et les vaches seront bien gardées”rnrnJean NBC