Avec un ratio en deçà des préconisations onusiennes, le continent africain fait partie des régions les moins développées en matière d’accès aux soins (1 médecin pour 10 000 habitants contre 7 médecins recommandés par l’ONU). Une faible proportion sur laquelle s’aligne la République Démocratique du Congo qui, d’après les dernières données de la Banque Mondiale, ne dispose que d’un médecin pour 10 000 Congolais, quand la moyenne mondiale se situe à 17 médecins pour 10 000 habitants. Avoir accès à des soins de qualité en RDC est donc un véritable privilège. Un constat partagé par l’Ibrahim Index of African Governance (IIAG) qui octroie au pays un score de 35/100 en matière d’accès aux soins de santé. Un score en chute depuis 2010 (-2.3 points entre 2010 et 2019).
Un maillage médical disparate
À l’image de son continent, la RDC manque d’infrastructures et de personnels médicaux adaptés aux réalités et aux besoins de sa population. Sous-représentés, les personnels soignants sont concentrés dans les villes les plus riches du pays tandis qu’ils se font rares voire absents des régions les plus pauvres : « On observe une concentration des personnels de santé dans les grandes villes, particulièrement à Kinshasa et dans les centres urbains des provinces » constate le Ministère de la Santé qui ajoute que « la ville-province de Kinshasa présent[e] l’effectif le plus important, avec 15 541 agents [de santé] »[1]. Cette précarité du dispositif médical congolais, aggravée par son maillage disparate, s’explique en partie par une qualité relative des formations médicales et paramédicales.
Des formations médicales insuffisantes
Établissements sous-équipés, équipes pédagogiques parfois sous-qualifiées, les formations médicales congolaises pâtissent au même titre que la population du manque de ressources. « La formation continue, bien qu’ayant été formalisée via des textes légaux, réglementaires et normatifs, n’a pas connu d’amélioration notable au cours des cinq dernières années »[2], précise le Ministère de la Santé.
Un travail de refonte du système éducatif est donc nécessaire pour garantir des formations médicales de qualité et adaptées aux besoins. Pour y parvenir, différents acteurs se mobilisent, avec en tête l’État qui, dans le cadre de son Plan National de Développement Sanitaire 2019-2022, a annoncé allouer 1 775 280 $ pour l’amélioration de la formation.
Une remise à niveau nécessaire des formations de base
Sur fond d’épidémie mondiale et sous l’impulsion de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), une première action de formation médicale à grande échelle a eu lieu l’année dernière. Février 2021 a ainsi été l’occasion de dispenser des cours sur la vaccination dans les écoles congolaises de formation médicale et paramédicale. Si l’objectif à court terme était la mise à jour des enseignants et des professionnels de santé en matière de vaccination, l’objectif à long terme est l’intégration de 17 modules de formations dans les différents établissements congolais pour améliorer la formation de base en matière de santé.
Le Groupe Forrest œuvre au partage de connaissances
Si les institutions internationales et le gouvernement se saisissent logiquement de ce sujet, le secteur privé congolais œuvre également à l’amélioration des formations médicales. C’est par exemple le cas du Groupe Forrest International, actif dans le secteur de l’énergie, de la construction, mais aussi de l’agroalimentaire, présent depuis un siècle en Afrique et qui fait partie des entreprises incontournables au Katanga, immense province du sud du Congo.
Le mois dernier, le groupe, à travers son Centre médical de la communauté de Lubumbashi (CMC), a inauguré son partenariat avec l’Université de Médecine de Lubumbashi et l’hôpital Panzi du Prix Nobel « qui répare les femmes », le Dr. Denis Mukwege. Ce partenariat, qui permettra d’améliorer la formation des futurs médecins en favorisant l’échange d’expertises et de savoir-faire entre les trois structures, a été inauguré par une série de conférences. L’occasion pour les étudiants de l’Université de Lubumbashi d’assister à la retransmission de plusieurs opérations réalisées en direct par des chirurgiens depuis le CMC.
Cette collaboration n’est pas une première pour l’entreprise. Président du groupe, George Forrest est déjà à l’origine d’un partenariat belgo-congolais depuis une dizaine d’années. Avec pour chefs de file le Dr Mukwege et le Dr Cadière (professeur et chef de service de chirurgie digestive en Belgique) cette action commune s’est donnée pour ambition de venir en aide aux femmes victimes de viols de guerre dans les régions du Sud-Kivu et du Nord-Kivu.
La qualité des formations médicales reste une problématique plus globale qui touche la quasi-totalité du continent africain. Pour tenter d’uniformiser ces formations, un projet d’accréditation par la Fédération mondiale pour l’éducation médicale (WFME) des facultés de médecine africaines est en cours. Le but : élever le niveau de formation et favoriser les échanges universitaires.