La grippe aviaire continue de frapper en Chine : A Shanghai, monsieur Gu qui a contracté le virus H7N9 est dans un état critique. Ce virus lui a déjà couté sa femme. Les parents de Kelly Gu sont le seul couple infecté par cette nouvelle maladie à risque mortel pour l'homme.
Sa mère mourante, Kelly, qui étudie en France, a été rappelée en urgence auprès d'elle à Shanghai mais est arrivée un jour trop tard. Le père de Kelly a dit à sa fille : « C'est comme de gagner à loterie, mais c'est une loterie de malchance », des propos plein de sens, repris dans sa première interview à la presse occidentale.
Depuis l'hiver dernier, le virus H7N9 de la grippe aviaire a infecté 130 personnes en Chine continentale, dont 35 ont succombé, d'après les derniers chiffres officiels.
Si les autorités chinoises et l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) indiquent q 'il n'y a pas de preuve de transmission persistante d'humain à humain du virus H7N9, les parents de Kelly pourraient représenter un cas rare d'infection généralisée au sein d'une même famille.
Les centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies considèrent que les familles infectées représentent des cas limités de transmission entre humains, dont la cause pourrait être une exposition longue et non protégée. Mais la pandémie plane si le virus mute en une forme plus facilement transmissible d'humain à humain.
Kelly, 26 ans, raconte que son père qui travaille dans l'immobilier était triste que son unique enfant parte à l'étranger. Pourtant cela lui a sûrement sauvé la vie. La mère de la jeune femme, femme au foyer, a probablement été infectée au marché de Shanghai, ville où vit la famille.
Lorsque le gouvernement central chinois a annoncé l'apparition du virus H7N9 de la grippe aviaire, la mère de Kelly était malade depuis plusieurs jours et s'était rendue deux fois dans un hôpital de quartier.
Elle se rend dans l'un des meilleurs hôpitaux de Shanghai lorsque sa fièvre monte et qu'elle a du mal à respirer. Mais on la renvoie chez elle en lui ordonnant seulement d'observer le repos. Elle meurt deux jours plus tard, soit le 3 avril dernier.
L'OMS a remercié la Chine pour sa transparence sur le virus H7N9 responsable de la grippe aviaire. Le pays avait gardé le silence quant à l'épidémie du syndrome respiratoire aigu sévère (Sras) qui avait fait 800 morts dix ans plus tôt dans le monde entier, après avoir été découvert en Chine
Pékin a cependant attendu 3 semaines après les premiers décès pour annoncer l'apparition du virus H7N9, des rumeurs sur une mystérieuse maladie dans un hôpital de Shanghai circulaient déjà sur internet. Le cas des parents de Kelly montre les hésitations premières du système de santé.
Kelly explique que le médecin « n'avait pas vu les résultats du scanner des poumons de [sa] mère et n'a pas demandé qu'elle en fasse un autre. Il a jugé que c'était une fièvre normale et l'a renvoyée chez elle »
La mère de la jeune femme est décédée le 3 avril dernier d'insuffisance respiratoire aiguë, elle représente l'un des premiers cas de grippe aviaire à Shanghai. En Chine, la contamination par le H7N9 a été confirmée trois jours plus tard.
Les symptômes du père sont apparus le 1er avril. A ce jour, n'ont été signalés que deux autres cas de contamination familiale : un père et ses deux fils à Shanghai et un père et son fils dans la province de Shandong (à l'Est du pays).
Les médecins étaient et sont toujours pessimistes, pourtant cela fait un mois et demi que le père de Kelly défie la mort. En ce moment même, il est sous respirateur artificiel et reçoit de fortes doses de calmant. Il est en quarantaine. Tous les jours, sa fille va le voir à l'hôpital, dans le Sud-Ouest de Shanghai.
L'heure est grave, le père de Kelly peut succomber d'un moment à l'autre. « S'il peut s'en sortir, je resterai avec lui, je prendrai la place de ma mère et je m'occuperai de lui », assène Kelly.
Le père de Kelly, voyant sa femme plus malade chaque jour et se sachant lui-même infecté, a rassuré sa femme mourante et, empreint de courage, lui a dit : « Attends-moi, je serai là pour t'accompagner », en tenant sa main.