L’Ordre des médecins a présenté jeudi une charte éthique de bonnes pratiques à l’endroit des « influenceurs » santé . Cet engagement non contraignant vise à garantir une information rigoureuse et accessible au public.
Aujourd’hui, les réseaux sociaux sont des canaux essentiels pour l’information, qu’elle soit politique, économique, sportive ou médicale. Si les fausses infos n’ont pas de répercussions véritables sur les internautes dans certains domaines, dans d’autres , elles peuvent engendrer des conséquences désastreuses. C’est le cas du secteur de la santé.
L’Ordre des médecins veut responsabiliser les « influenceurs » de la santé
Ces dernières années, et depuis la pandémie du COVID en particulier, la désinformation médicale fait partie du top des fake news aux côtés de la politique. Or elle n’est pas sans risque. Tout particulièrement quand elle concerne les pratiques de soins non conventionnelles et les actes à visée esthétique. Après plusieurs années de dérives, l’Ordre des médecins a décidé de responsabiliser les « influenceurs » de la santé.
Une charte élaboré en partenariat avec YouTube
Afin d’encadrer la communication des médecins « créateurs de contenus », l’Ordre a proposé jeudi une charte éthique de bonnes pratiques. Élaboré en partenariat avec YouTube et des médecins présents sur les réseaux sociaux, ce document ambitieux vise à garantir une information rigoureuse et accessible, conforme aux principes déontologiques.
Les « influenceurs » santé doivent respecter dix principes
La charte éthique de bonnes pratiques à destination des créateurs de contenus santé énonce 10 principes pour promouvoir « le déploiement d’une information de santé fiable », dans le respect des obligations qui s’imposent déjà aux médecins. Parmi les principes fondateurs, on peut citer : ne pas donner de conseil médical personnalisé, ne pas utiliser de moyens payants pour mieux référencer son contenu et s’identifier en tant que médecin mais ne pas promouvoir sa propre activité.
Les fausses informations médicales distillées sur les réseaux peuvent « pourrir la vie » des patients malades
François Arnault, le président du Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom), précise que toutes ces recommandations doivent permettre de protéger la santé publique, en responsabilisant les professionnels qui prennent la parole en ligne. Il rappelle que de fausses informations médicales distillées sur les réseaux peuvent « pourrir la vie » des patients malades. Surtout les informations véhiculées par des professionnels parfois « auto-proclamés », qui utilisent les réseaux pour promouvoir « des médecines alternatives ».
Les « influenceurs » santé libres de s’engager ou non
En signant la charte, les praticiens s’engagent par exemple à produire sur les réseaux sociaux du contenu pédagogique, médical et scientifique vulgarisé. Ils s’engagent aussi à ne faire la promotion d’aucune pratique ou thérapeutique non validée scientifiquement. Les médecins signataires restent libres de respecter ou non ces principes car la charte n’est juridiquement pas contraignante. Elle sert uniquement à orienter le professionnel.
Mais ils peuvent être poursuivis pour entorse aux règles du Code de la Santé publique
Ainsi, le médecin qui y déroge ne pourra pas être poursuivi. Sauf s’il va à l’encontre des règles du Code de la Santé publique, et du Code de déontologie. Ceux-ci imposent notamment aux professionnels de ne faire état que de données confirmées, en ayant « le souci des répercussions de leurs propos auprès du public », précise Claire Siret, médecin généraliste et présidente de la section santé publique du Cnom ( Conseil national de l’Ordre des médecins).