En cinq ans, la vente de Ritaline a explosé. Ce médicament contre l'hyperactivité et les troubles de l'attention des enfants inquiète néanmoins les spécialistes. Surnommée la cocaïne des enfants, la pilule blanche est-elle une drogue sur ordonnance ?
La Ritaline, ça marche. Aucun doute là dessus. La pilule blanche dont raffolent les parents possède, c'est vrai, un effet calmant sur les enfants hyperactifs. Ils dorment mieux et sont plus attentifs en classe. Mais à quel prix ?
Le fait est que la Ritaline est classée parmi les stupéfiants. Commercialisée depuis 1996, ces comprimés possèdent une composition chimique semblable aux amphétamines qui, elles, sont illégales. Et elle en possède certains effets secondaires particulièrement indésirables. Sur le moyen et long terme, on parle de risques neuropsychiatriques, cérébro et cardiovasculaires, d'effets possibles sur la croissance et la maturation sexuelle et d'un risque 7,4 fois plus élevé de mort subite. Sans parler des risques d'addiction. Testé sur des souris, le produit a montré être la cause de l'apparition d'un cancer du foie.
La Ritaline n'est pas une solution
Au final, la Ritaline ne soigne pas. Elle est comparable à une béquille ; une aide qui devrait rester temporaire en attendant d'autres solutions. Mais là n'est pas encore le cas. Les inquiétudes des spécialistes n'y font rien, les ventes de Ritaline augmentent tout de même. Ainsi, en France, ce sont 70 % de boîtes en plus en cinq ans qui ont été délivrées, soit 476,900 en tout.
Les enfants concernés ont en moyenne 13 ans. Pour le Dr Dominique Dupagne, interrogé par BFMTV.com, ces enfants auxquels sont prescrits ce traitement « ne sont pas malades. Ils sont simplement porteurs d'un caractère fait pour le mouvement, l'espace, la liberté de bouger, d'essayer, d'expérimenter, de créer, d'inventer. Cela fait d'eux des enfants encombrants, dérangeants et finalement rabroués en permanence ».
La Ritaline devient la « pilule de l'obéissance » : un confort pour les parents au détriment de la santé des enfants. En 1998, on comptait 1 727 hospitalisations dues à ces comprimés.
Pourtant, la prescription de Ritaline est réservée aux spécialistes en neurologie, psychiatrie et pédiatrie. Un examen neuropsychologique doit confirmer le syndrome d'hyperactivité chez l'enfant avant toute prise de Ritaline. Il est évident que le taux de prescriptions délivrées est alors bien supérieur aux 5 % des enfants touchés par les troubles de l'attention.
On se précipite sur ce traitement dès que le comportement de l'enfant dérange. Serait-on en train de créer des malades ? Ou pire, des drogués?