Les ruptures de médicaments sont un problème récurrent, en France, qui s’aggrave d’année en année. De nombreux malades en subissent les conséquences. Un collectif de médecins s’est donc créé afin d’alerter le public et d’interpeller le gouvernement à ce propos.
Des ruptures de médicaments en forte augmentation
Le Journal du Dimanche (18 août) vient de publier la tribune d’un collectif de médecins regroupés autour du professeur Jean-Paul Vernant. Ces derniers souhaitent lancer une alerte concernant les pénuries de médicaments de plus en plus fréquentes et importantes en France.
En effet, l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) indique, que pour l’année 2018, 868 signalements de tensions ou de ruptures d’approvisionnement de médicaments ont été signalés. Dix ans avant, ce même chiffre était vingt fois moins important.
« […] médicaments du cancer, des antibiotiques, des corticoïdes, des vaccins, des traitements de l’hypertension, des maladies cardiaques, du système nerveux… », les pénuries touchent de nombreux traitements essentiels comme l’indique le collectif de médecins. Certains médicaments n’ont pas d’alternative et ne peuvent donc pas être remplacés par des traitements différents tandis que d’autres sont considérés comme d’intérêt thérapeutique majeur (MITM).
Des pénuries dues à la fabrication et à la rentabilité des médicaments
Les ruptures de médicaments sont dues à plusieurs facteurs dont le fait que les principes actifs sont produits, à 80 %, en Chine et en Inde, provoquant des pénuries, et parfois même des malfaçons qui bloquent l’approvisionnement.
Mais comme le souligne le collectif : « le plus souvent les ruptures d’approvisionnement sont liées à une incapacité plus ou moins prolongée de production des laboratoires pharmaceutiques ». En effet, ils sont : « souvent médiocrement intéressés par la fabrication de médicaments de faible rentabilité. Dans la plupart des cas, après des semaines ou des mois de pénurie, les médicaments réapparaissent sur le marché avec des augmentations non contrôlées des prix. »
Des solutions pour anticiper la rupture de médicaments
Le gouvernement a déjà mis en place des mesures pour tenter d’enrayer le problème de la pénurie des médicaments, mais elles ne semblent pas réellement efficaces. Le collectif propose donc des solutions qui doivent permettre d’anticiper les ruptures.
Ainsi, les médecins demandent à ce que les laboratoires pharmaceutiques aient l’obligation de constituer des stocks afin d’éviter une partie du problème, mais également que la fabrication des principes actifs soit rapatriée en Europe. Enfin, ils souhaitent voir la création d’un établissement pharmaceutique à but non lucratif comme aux États-Unis. « Là-bas, […] plus de 500 établissements hospitaliers se sont réunis pour fonder un établissement pharmaceutique de ce type produisant des médicaments passés dans le domaine public. La création d’une telle structure permettra de prévenir les pénuries et sera le garant de la qualité des médicaments et de prix justes et pérennes. »