Année après année, le virus du SIDA continue de faire des ravages. Et si des progrès « indéniables » ont été réalisés au cours des dernières décennies, certaines populations restent hautement vulnérables. C’est notamment le cas des jeunes filles africaines. Une situation qui a poussé différentes personnalités, à l’instar de la première dame de Côte d’Ivoire, Dominique Nouvian Ouattara, à rappeler au monde la nécessité de tout faire pour éradiquer ce fléau.
Que ce soit à l’occasion de la neuvième Conférence scientifique sur le VIH, organisée par l’International AIDS Society (IAS) du 23 au 26 juillet, ou à l’occasion d’une réunion de haut niveau rassemblant une cinquantaine de premières dames d’Afrique en marge de la 72e session de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre dernier, le constat reste le même : l’épidémie est loin d’être terminée, et la réduction des financements risque de mettre à mal les progrès réalisés ces dernières années.
« Fin 2016, on comptait dans le monde environ 36,7 millions de personnes vivant avec le VIH, dont 1,8 million de nouvelles infections », déplore l’Organisation mondiale de la santé. D’après les chiffres de l’organisation, l’Afrique reste la région la plus touchée, avec 25,6 millions de personnes porteuses du virus en 2016. Le continent concentre également près des deux tiers des nouvelles infections survenant dans le monde.
Or, comme l’avait révélé l’Unicef en juillet 2016, lors de la conférence internationale sur le sida en Afrique du Sud, les jeunes filles africaines sont les plus vulnérables. « Le sida reste la deuxième cause de mortalité des 10-19 ans dans le monde, et la première cause de mortalité dans cette tranche d’âge en Afrique », soulignait le directeur exécutif de l’Unicef, Anthony Lake.
Le sida, nouveau révélateur des inégalités
L’Unicef estime que le nombre de morts liés au sida parmi les adolescents âgés de 15 à 19 ans « a plus que doublé depuis 2000 ». En 2015, cela représentait une moyenne mondiale de 29 nouvelles infections toutes les heures, les filles étant les principales concernées. En effet, celles-ci « représentent 65 % des nouvelles infections chez les adolescents dans le monde. En Afrique subsaharienne, qui abrite environ 70 % des personnes vivant avec le sida, trois adolescents sur quatre nouvellement infectés par le sida en 2015 étaient des filles ».
L’épidémie apparaît ainsi comme un nouveau révélateur des inégalités dans le monde. La paupérisation des populations, les crises politiques et la déconnexion internationale contribuent à faire des Africains les principales victimes de ce fléau. Seule bonne nouvelle, cette situation encourage une forte mobilisation des pouvoirs publics et de la société civile africaine.
Réunie le 19 septembre en marge de l’assemblée générale des Nations unies à New York, l’Organisation des premières dames d’Afrique contre le sida (OPDAS) s’est rassemblée autour du thème « s’appuyer sur 15 ans d’engagement pour exploiter le dividende démographique de l’Afrique en favorisant les besoins des adolescents et leur accès à des services de santé adaptés aux jeunes ».
La première dame de Côte d’Ivoire, Dominique Nouvian Ouattara, a notamment profité de l’occasion pour lancer cinq propositions afin de tirer profit du dividende démographique africain. Elle a appelé à investir davantage dans la jeunesse du continent, surtout dans les domaines de l’éducation, la santé et l’autonomisation financière.
Sida et précarité, un lien tristement réel
Dominique Nouvian Ouattara a également insisté sur la nécessité d’intensifier l’offre de services de prévention destinés aux jeunes et aux adolescentes. Elle a ainsi prôné l’élargissement de la protection sociale pour toutes les pathologies liées au VIH/sida, avec un accent particulier pour l’accès aux soins et aux médicaments en milieu rural.
La promotion de l’accès à des services de santé sexuelle et reproductive, la gratuité des contraceptifs, le renforcement de la prise en charge des jeunes vivant avec le VIH/sida par le développement de structures sanitaires intégrées et la lutte contre les violences basées sur le genre font également partie des propositions de la première dame ivoirienne.
Dominique Nouvian Ouattara a en outre rappelé le succès du Fonds d’appui aux femmes de Côte d’Ivoire (Fafci), qui a permis d’accorder à plus de 110 000 Ivoiriennes vulnérables plus de 10 milliards de FCFA sous forme de petits prêts. Le Fafci a pour objectif de contribuer à améliorer les conditions de vie des femmes du continent, notamment les plus vulnérables.
Car le lien entre la précarité et la vulnérabilité face au sida est désormais largement établi, comme le démontre le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) qui préconise d’autonomiser les femmes et les filles pour lutter simultanément contre le sida et la pauvreté.
Alors que des coupes budgétaires dans la recherche et le financement de la lutte contre le sida sont annoncées au niveau mondial, l’engagement de la société civile africaine, en l’occurrence celle de l’Organisation des premières dames, permet d’espérer de nouveaux progrès dans une lutte qui est encore loin d’être gagnée.