À travers le monde, de plus en plus de personnes sont touchées par ce que l’on nomme le double fardeau de la malnutrition. Ainsi, ils peuvent connaître, dans le courant de leur vie, la sous-nutrition et l’obésité. Ce problème est la conséquence du bouleversement des systèmes alimentaires dans certains pays.
Sous-nutrition et obésité : un facteur de développement des maladies non transmissibles
La sous-nutrition et l’obésité sont deux formes de malnutrition, diamétralement opposée, qui ont de graves conséquences sur la santé. Aujourd’hui, elles peuvent toucher la même personne au cours d’une vie. Et le cumul de ce double fardeau aggrave les effets néfastes sur la santé de celles et ceux qui sont concernés.
Ainsi, on sait que, chez l’enfant, la sous-nutrition suivie de l’obésité peut accroître les risques d’avoir certaines maladies non transmissibles. Il s’agit de pathologies comme le diabète de type 2, l’hypertension, l’AVC et les maladies cardiovasculaires. Il faut également savoir que la malnutrition peut avoir des conséquences d’une génération à une autre. La sous-nutrition ou l’obésité maternelle peuvent, par exemple, être liées à des problèmes de santé chez l’enfant.
Les pays à revenu faible ou intermédiaire particulièrement touchés par la malnutrition
Selon une étude publiée dans The Lancet, 48 pays sur les 126 pays à revenu faible ou intermédiaire, dans les années 2010, étaient concernés par les problèmes de sous-nutrition et d’obésité.
Le docteur Francesco Branca, directeur du département nutrition pour la santé et le développement de l’Organisation mondiale de la Santé explique à ce propos : « Nous sommes en présence d’une nouvelle réalité en matière de nutrition. Nous ne pouvons plus classer les pays en deux catégories, ceux à faible revenu et touchés par la sous-nutrition et ceux à revenu élevé et uniquement concernés par l’obésité. »
Suivant les estimations de l’OMS, 2,3 milliards d’enfants et d’adultes sont en surpoids dans le monde tandis que plus de 150 millions d’enfants présentent un retard de croissance. On constate également une : « prévalence accrue du surpoids dans les pays les plus pauvres, où les populations sont encore touchées par l’émaciation, le retard de croissance et la maigreur. »
Changements radicaux et rapides des systèmes alimentaires dans le monde
Les problèmes de sous-nutrition et d’obésité existant dans certains pays, et touchant parfois la même personne, sont le fait d’une transformation rapide des systèmes alimentaires dans le monde. Ainsi, le docteur Francesco Branca souligne : « Toutes les formes de malnutrition ont un dénominateur commun, à savoir des systèmes alimentaires qui ne fournissent pas aux personnes une alimentation saine, sûre, durable et à un prix abordable. »
Le professeur Barry Popkin de l’université de Caroline-du-Nord (USA) va également dans ce sens en expliquant que : « […]La nouvelle réalité en matière de nutrition est dictée par des changements au niveau des systèmes alimentaires qui ont facilité l’accès aux aliments ultra-transformés – ces derniers étant associés à une prise de poids plus importante et ayant un effet négatif sur l’alimentation des nourrissons et des enfants d’âge préscolaire. Parmi ces changements, on compte la disparition des marchés de produits frais, la multiplication des supermarchés et le contrôle accru exercé sur la chaîne alimentaire par les supermarchés et les entreprises alimentaires, agricoles et de restauration dans de nombreux pays du monde ».
Des solutions pour lutter au mieux contre la sous-nutrition et l’obésité
Différentes solutions sont avancées par les chercheurs travaillant sur les problèmes de sous-nutrition et d’obésité. Ainsi, l’amélioration des soins prénatals et de l’allaitement, mais aussi la mise en place de nouvelles politiques concernant l’agriculture et l’alimentation sont des facteurs clés dans la lutte contre la malnutrition.
Le docteur Branca indique à ce sujet : « Pour changer les choses, il faudra prendre des mesures à divers niveaux des systèmes alimentaires – de la production et du traitement à la consommation et au gaspillage, en passant par la vente, la distribution, la définition des prix, le marketing et l’étiquetage. Toutes les politiques et tous les investissements en la matière devront être radicalement réexaminés. » Enfin, il alerte sur les conséquences de l’inaction : « Sans une profonde transformation des systèmes alimentaires, les coûts économiques, sociaux et environnementaux de l’inaction empêcheront la croissance et le développement des personnes et des sociétés pendant des décennies ».