Sept dilatations endoscopiques et six chirurgies réparatrices ont été réalisées par une équipe de médecins venus de France et d’Afrique. Une opération rendue possible grâce à la Fondation Children of Africa et l’ONG française la chaîne de l’espoir.
C’est un accident qui reste malheureusement trop fréquent en Côte d’Ivoire, où l’on recense 10 à 15 nouveaux cas par an. Mais pas que. « La sténose caustique est une vraie question de santé publique en Afrique », précise le Pr Yann Revillon, qui faisait partie de l’équipe de médecins venus de France et du continent africain afin d’opérer plusieurs victimes prises en charge à l’hôpital Mère-enfant Dominique Ouattara de Bingerville.
Souvent présentée sous forme de pastilles, de paillettes ou de billes blanches, la soude caustique (hydroxyde de sodium) est une substance très utilisée en Afrique pour la teinture de vêtements, la fabrication de savon artisanal ou encore la coiffure. Or, « la forme sous laquelle la soude se présente fait qu’elle est souvent confondue avec des produits alimentaires par les enfants en bas âge, qui l’ingèrent par accident. Ce qui provoque des lésions corrosives, irréversibles et extrêmement douloureuses », explique le Pr Revillon.
L’intoxication par les produits caustiques peut en effet avoir des suites redoutables à moyen et long termes (sténose œsophagienne, atrésie gastrique, sténose du pylore), d’où l’importance d’une prise en charge rapide et efficace en milieu spécialisé en cas d’ingestion de produits caustiques.
« Un travail remarquable », estime Dominique Ouattara
C’est ce que l’hôpital Mère-enfant de Bingerville, en collaboration avec la fondation Children of Africa et l’ONG française la Chaîne de l’espoir, a souhaité faire. Les trois partenaires ont organisé, du 9 au 17 mars derniers, une mission de chirurgie réparatrice des brûlures caustiques de l’œsophage.
Treize enfants victimes d’une inflammation de l’œsophage due à l’ingestion d’un produit caustique ou de la soude ont été pris en charge gratuitement dans l’hôpital Mère-enfant de Bingerville, réalisé par la fondation Children of Africa, elle-même créée et dirigée par la Première Dame ivoirienne, Dominique Ouattara. « Je voudrais tout d’abord féliciter le personnel médical de l’hôpital Mère-enfant qui a fait un travail remarquable, la Chaîne de l’espoir et les médecins venus de toute l’Afrique pour soigner ces enfants », a déclaré Mme Ouattara le 14 mars, alors qu’elle rendait visite aux enfants ayant subi des interventions chirurgicales ou qui étaient en attente d’être opérés.
Des moyens techniques et financiers importants
En tout, sept enfants ont été traités par dilatation endoscopique et six ont subi une chirurgie réparatrice. Il s’agit de procédures complexes dont le coût est estimé entre 5 et 10 millions de francs CFA (environ 8 000 à 16 000 euros) par patient. « L’hôpital Mère-enfant a aussi été construit dans le but de pouvoir accueillir des enfants et des familles nécessitant des prises en charges importantes et lourdes. Il est par ailleurs un haut lieu de savoir permettant le transfert de compétences entre les professionnels de santé », a précisé Frédéric du Sart, directeur général de l’hôpital.
Le Dr Eric Cheysson, président de l’ONG la Chaîne de l’espoir, a également souligné la complexité des interventions chirurgicales réalisées. « En ouvrant l’abdomen et le cou on a retiré l’œsophage pour le remplacer entièrement par le gros intestin ». C’est une opération « qui est très grave et très importante », a pour sa part souligné Dominique Ouattara. « C’est un travail important, une opération qui dure plusieurs heures, et jusqu’à présent tout s’est très bien passé », a ajouté la Première Dame.
Une nouvelle mission de ce type est prévue avant la fin de l’année, même si les spécialistes insistent sur l’importance de la prévention afin de faire reculer le nombre d’accidents.