Les tarifs des mutuelles devraient augmenter de 5,3% en 2025 pour les particuliers et de 7,3% pour les salariés, selon les chiffres révélés mercredi par la Mutualité Française. Cet organisme, qui regroupe 38 mutuelles et couvre 18,7 millions de personnes, justifie la hausse, entre autres, par l’augmentation des transferts de charges de la Sécurité sociale vers les complémentaires santé.
À partir du 1er janvier 2025, les tarifs des mutuelles devraient augmenter de 5,3% pour les particuliers et de 7,3% pour les salariés. C’est ce qu’a indiqué, le mercredi 18 décembre, la Mutualité Française, qui regroupe 38 mutuelles et couvre 18,7 millions de personnes. Ce sera la cinquième augmentation en cinq ans des tarifs, après 2021 (+2,6 %), 2022 (+3,4 %), 2023 (+4,7%) et 2024 (+8,1%). Au total, les cotisations ont grimpé en moyenne de 27,4 % depuis 2021. Un chiffre bien supérieur à celui de l’inflation, attendue à 1,6% d’après les dernières estimations de la Banque de France publiées le 16 décembre.
La hausse des mutuelles, conséquence des transferts de charges de la Sécu vers les complémentaires santé
Cette énième augmentation des complémentaires santé inquiète évidemment les Français. Bientôt, ils ne pourront plus se soigner convenablement sans se saigner. « On est en train de perdre le système de solidarité et de répartition que nos ancêtres ont mis en place », déplore auprès de franceinfo Gérard Raymond, président de France Asso Santé, qui défend les droits des usagers du système de santé français. Mais comment expliquer cette nouvelle hausse des tarifs ? Séverine Salgado, directrice générale de la Mutualité Française, la justifie par les transferts de charges de la Sécurité sociale vers les complémentaires santé.
Les dépenses remboursées par les complémentaires augmentent plus vite que les dépenses totales de la santé
La Mutualité Française pointe aussi le vieillissement de la population, la multiplication des pathologies chroniques, l’accès à de nouvelles thérapies coûteuses et le financement plus important de certaines dépenses comme les frais dentaires, optiques et l’audiologie, concernés par le 100% santé. En outre, les dépenses remboursées par les complémentaires augmentent davantage que l’ensemble des dépenses de santé avec une nette accélération ces dernières années. Elles ont progressé de +6,4% en 2023, après +4,3% en 2022, contre respectivement 5,2 % et 4%. Des chiffres, encore une fois, supérieurs à l’inflation.
Plusieurs autres causes à la hausse des mutuelles
Par ailleurs, la revalorisation des professionnels de santé a eu un impact sur les tarifs des mutuelles, car la consultation chez le généraliste passe de 26,50 euros à 30 euros dès ce 22 décembre. L’association de consommateurs UFC-Que Choisir ajoute un autre problème : les « frais de gestion ». Il s’agit de frais de marketing et de publicité pour accueillir de nouveaux adhérents. Ils s’élèvent de 10 à 28% suivant les mutuelles. Éric Chenut, le président de la Mutualité Française, assure comprendre « que les personnes s’interrogent sur cette augmentation », mais que « celle-ci se fait au niveau strictement nécessaire pour pérenniser la protection de tous ».
Remettre à plat le fonctionnement et le financement de notre système de santé
Gérard Raymond aussi dit « comprendre les mutuelles » et reconnaît que la hausse du tarif des complémentaires santé est « inéluctable dans le contexte actuel ». Il croit surtout que nous sommes arrivés au bout d’un système, malgré les nombreuses alertes des responsables associatifs sur le sujet. Face au fait accompli, Éric Chenut appelle à remettre à plat le fonctionnement et le financement de notre système de santé, tout en gardant les valeurs de solidarité et de répartition qui le sous-tendent. Aussi, il invite tous les acteurs de la santé à engager un dialogue pour tenter de mieux maîtriser la croissance des dépenses de leur secteur.