La transformation numérique de l’économie touche de plus en plus de secteurs. Ce phénomène devient un nouvel enjeu pour la santé et un axe de développement des groupes d’assurances. Plusieurs d’entre eux investissent déjà dans ce domaine, en proposant des plateformes de téléconseils, d’accompagnement et de prévention pour les salariés. Une expertise complète qui, pour autant, doit encore gagner la confiance de ses patients.
L’essor des objets connectés s’accompagne d’une intégration croissante des NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication) dans les pratiques médicales : on parle de télémédecine. Celle-ci est encadrée, depuis 2009, par la loi HPST (« Hôpital, patients, santé, territoire). Elle distingue plusieurs types d’actes médicaux, qui apportent chacun une valeur ajoutée à la relation patient-médecin, sans se substituer pour autant à une consultation médicale classique. C’est par exemple le cas de la téléconsultation (ou consultation à distance), qui accompagne les patients habitants dans des zones reculées, ou de la télé-expertise, qui sollicite le point de vue de plusieurs professionnels médicaux sur le dossier d’un patient.
La télémédecine : une réponse complémentaire à des besoins spécifiques
Dans ce contexte, plusieurs groupes d’assurance ont mis en place une offre de télémédecine. L’objectif affiché est d’améliorer l’offre de soins, en réduisant notamment les délais d’attente pour une consultation.
L’assureur AXA a été le premier, en 2015, à proposer un service de téléconsultation, ouvert à ses assurés bénéficiaires des contrats de santé, destinés aux entreprises. Le principe est simple : la personne assurée peut joindre un médecin salarié d’AXA 24h/24 et 7j/7. Un compte rendu, reprenant les éléments d’analyse de celui-ci, est envoyé au médecin traitant du patient, avec accord de ce dernier. Pour autant, cette téléconsultation ne se substitue pas à une visite médicale physique, et aucun arrêt de travail, certificat médical ou renouvellement d’ordonnance ne peut être délivré.
De même, Harmonie mutuelle s’est associée à l'application Betterise – un service de coaching personnalisé, qui aide à améliorer la santé des travailleurs en mesurant et en analysant leurs comportements. Elle fournit, entre autres, des conseils santé et bien-être personnalisés (gestion du stress, alimentation, amélioration de la qualité du sommeil, etc.).
D’autres groupes d’assurances, qui se positionnent sur un secteur d’activité en particulier, proposent une expertise santé plus ciblée aux salariés-assurés. À l'image du groupe Audiens. Sa stratégie se décline en deux volets. Sur le plan numérique tout d’abord, en proposant d’inclure un service d’assistance numérique dans une de ses offres collectives : Vivoki, un capteur d’activités, qui mesure l’effort physique et analyse la progression vers l’atteinte de l’objectif quotidien fixé. Ensuite, sur le plan social, avec la création d’un observatoire de recensement des risques de santé. « Nous ciblons notre action sur certaines pathologies spécifiques aux artistes et techniciens, notamment celles concernant la vision et l’audition », explique Pascale Fumeau-Demay, directrice du pôle médical du groupe Audiens, et à la tête du CMB, Centre Médical de la Bourse, le service de santé au travail d’Audiens.
L’émergence d’un marché numérique lucratif
De nombreuses initiatives ont fleuri ces dernières années sur internet dans le domaine de la télémédecine : Teladoc aux Etats-Unis, Push Doctor au Royaume-Uni, TonDocteur en Suisse ou pédiatre-online en France, pour ne citer qu’eux. « À priori, les téléconsultations [devraient] venir en complément, pour de petites urgences ou pour les patients isolés », explique Vincent Varlet, président du think-tank LeLabSanté. Toutefois, cette nouvelle forme de e-santé n’est pas prise en charge par la sécurité sociale, et les coûts des consultations en ligne pèsent sur les patients et leur complémentaire santé, ce qui représente un des principaux freins au développement du secteur en France, comme l’indique encore Vincent Varlet. Selon une étude du Pôle interministériel de prospective et d’anticipation des mutations économiques (Pipame), « seulement 2% des Français ont déjà procédé à une vidéo consultation avec un médecin ou une infirmière ». 32% des Français sont cependant prêts à sauter le pas…
La télémédecine offre donc des avantages concrets : fluidifier les rapports entre le médecin et son patient, réduire la durée de séjour moyen (et donc le coût) d’une hospitalisation, etc. Du côté des assureurs spécialisés, la télémédecine leur offre le choix d’élargir un peu plus leur expertise santé, en proposant, notamment, aux salariés-assurés, un suivi adapté face aux facteurs de risques.