Fausse alerte : le scandale sanitaire n'en est pas un. Alors comment ce comprimé de Zoplicone a-t-il atterri dans cette boîte de Furosémide à Saint-Malo ? Retour sur une affaire toujours aussi floue.
Une dizaine de jours se sont écoulés depuis que l'alerte a été donnée par un pharmacien de Saint-Malo. L'homme d'une cinquantaine d'années et sa préparatrice avaient découvert un comprimé de Zoplicone, un somnifère, dans une boîte de Furosémide, un diurétique, après qu'une patiente se soit plainte de somnolences suite à la prise de son traitement. Elle ne prenait pas de somnifère en parallèle.
Suite à l'alerte, sept morts ont été signalées comme suspectes. Le premier cas, un nonagénaire Marseillais, avait fait beaucoup de bruit. Sans plus tarder ce sont près de 70 000 boîtes de Furosémide qui ont été rappelées. 3 000 boîtes sont été ouvertes et contrôlées sous le regard d'un huissier. En attendant la fin de l'alerte, les pharmaciens ont pour directive de remplacer les boîtes de Furosémide par des équivalents génériques.
R.A.S
Rien à signaler. Les autopsies des victimes supposées n'ont rien donné : pas de trace de Zoplicone dans l'organisme. Le lien entre leur mort et le Furosémide n'a pas été confirmé. Lorsque l'on sait que les victimes étaient âgées en moyenne de 75 ans, la piste de la mort naturelle est loin d'être écartée.
L'enquête dans les locaux de Teva n'a pas été concluante non plus. Les premières constatations « n’ont pas permis d’identifier de défaut majeur dans l’organisation, les pratiques ou les équipements de nature à conduire les autorités sanitaires à interrompre l’activité du site », précisait l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
L'alerte est levée
Saint-Malo devient un cas isolé. Tous les scénarios ont été inventés pour l'expliquer, remettant en cause le professionnalisme du pharmacien à l'origine de l'alerte. Le PDG de Teva France, lui, ne remet pas en question le jugement de l'homme « Je ne lui en veux pas. Je lui fais confiance. Et si c'était à refaire, je rappellerai les lots de Furosémide » a-t-il confié.
Aujourd'hui, l'alerte a pris fin. Interviewé sur Europe 1, le directeur de l'ANSM a annoncé officiellement que le danger était passé. Les consommateurs de Furosémide, au nombre de 800 000, doivent reprendre leur traitement.
L'enquête se poursuit, et les conclusions sont attendues avec impatience, autant du côté de Teva que de celui du pharmacien. Quelle est l'origine de l'erreur qui a créé tant de panique pour rien ? « Je me garde de toutes supputations » a déclaré Eric Roche, PDG de Teva France.