Le chef-d’œuvre de Stephen King est adapté pour la première fois au théâtre à Paris (Théâtre Hébertot). Le face-à-face captivant entre une psychopathe et un homme dont le corps a été brisé par un accident de la route. Un thriller incroyable avec en toile de fond des questions de santé mentale et physique.
La pièce « Misery », jouée au Théâtre Hébertot, est une des pièces-événements de la rentrée. Un spectacle haletant, basé sur le roman du maître du suspense américain, qui confronte deux types de maux. La santé mentale d’une infirmière, Annie, véritable tortionnaire sous des faux airs de Madame tout-le-monde, et le corps cassé en mille morceaux d’un auteur à succès, Paul, qui ne sait pas s’il a été secouru par une bonne samaritaine ou séquestré par une maniaque.
Le décor de la pièce est posé. Sans en dire trop sur l’intrigue et ses rebondissements, on assiste ensuite à un face-à-face qu’on imagine fatal pour l’un des deux protagonistes, entre deux êtres humains fragilisés par leurs failles. Un travail à la fois sur la psyché humaine et sur les limites de la douleur physique que Stephen King, avec sa précision et son sens du détail habituels, a poussé très loin. La dimension médicale du combat est retranscrite avec une exactitude qui n’est pas étrangère à l’intensité de la pièce.
Surtout, les deux acteurs de ce huis clos, livrent des prestations remarquables d’intensité et de maîtrise. Myriam Boyer (Annie) est exceptionnelle dans le rôle de cette pauvre femme, admiratrice de romans à l’eau de rose, qui va se transformer en véritable monstre à mesure que ses névroses et ses bouffées paranoïaques vont prendre le dessus. Une femme ordinaire possédée par ses délires psychotiques.
Francis Lombrail (Paul) joue lui une toute autre partition. Son personnage a été victime d’un terrible accident de la route. Il se retrouve immobilisé dans son lit, le corps brisé par de multiples fractures. Tout au long du spectacle, la douleur l’habille comme une seconde peau avec, encore une fois un soin du détail exceptionnel. Pour préparer son rôle, Francis Lombrail a rencontré des traumatologues pour comprendre les mécanismes de la douleur. Le résultat est saisissant.
Il faut absolument aller voir ce « Misery » qui est aussi chirurgical que captivant et qui, comme le confirme Catherine Schwaab de Paris-Match, « n’a pas un temps mort ». « Myriam Boyer en monstre psychiatrique, est effrayante avec son timbre voilé et sa diction parfaite. Francis Lombrail, lui, donne le frisson quand il hurle de douleur. D’ailleurs dans la salle, le suspense est palpable, le public, suspendu à l’intrigue », indique la critique.
Un spectacle qui a également séduit l’un des monstres sacrés du théâtre et du cinéma français, Michel Bouquet, qui a loué « un exemple de justesse dans le théâtre actuel », en saluant notamment « la mise en scène, le décor, les costumes et l’interprétation ».
« Misery » de Stephen King et William Goldman (adaptation américaine), adaptation française Viktor Lazlo, mise en scène Daniel Bénoin, au Théâtre Hébertot, du mardi au samedi à 21h et le dimanche à 15h, jusqu’au 6 janvier 2019.