Alors que les zones rurales semblaient jusque-là épargnées par la drogue, une étude du service d’aide aux toxicomanes de l’Oise (Sato) montre une montée de la toxicomanie dans les milieux ruraux observés. Un phénomène nouveau qui inquiète. Les médecins de campagne, ne disposant pas des outils nécessaires pour traiter les addictions de leurs patients, sont surchargés de travail et les toxicomanes vite découragés dans leur parcours de soin.
Les campagnes françaises ne sont pas épargnées
Si la drogue a longtemps été considérée comme un problème propre aux villes, une étude du service d’aide aux toxicomanes de l’Oise (Sato) sur les addictions en milieux ruraux prouve le contraire. Selon cette étude, les « consommations à risques chez des personnes vivant dans les villages et les hameaux » ne sont pas des cas isolés. En ville, en zone périurbaine ou à la campagne, les drogues n’ont aucune frontière en France.
Plusieurs raisons peuvent expliquer cette diffusion des drogues en zones rurales, à commencer par l’organisation de plus en plus fréquente de fêtes alternatives sur la scène rurale. Free et rave parties donnent en effet un contexte favorable à l’expérimentation de drogues, principalement psychostimulantes et hallucinogènes, dont l’usager finit par être dépendant. La pénibilité du travail en milieu rural ou littoral est également à prendre en compte. Le colonel Pierre Tabel rappelait déjà en 2011 que dans certains secteurs comme « la pêche, métier très dur, la consommation de cocaïne est assez importante ».
Difficultés d’accès aux soins : toxicomanes et médecins en danger
Si la consommation de drogues à la campagne est la même qu’en ville, ses conséquences peuvent être bien plus graves. Contrairement aux milieux citadins, les zones rurales ne bénéficient pas du même approvisionnement et les personnes dépendantes, en manque, peuvent vite se retrouver à faire leurs propres mélanges, détournant des médicaments de leurs usages premiers et associant des produits dangereux. Selon l’étude du Sato, parmi les habitués de l’absorption nasale, 40 % déclarent avoir déjà partagé leurs matériels.
Des pratiques potentiellement plus dangereuses à la campagne et dont il est apparemment difficile de s’éloigner. Les médecins de campagne n’ont ni le matériel adapté ni la formation adéquate pour traiter des polytoxicomanes en manque. Une absence de relais qui provoque le découragement de nombreuses personnes dépendantes selon l’étude. La situation des médecins est, quant à elle, tout aussi critique. Trop peu nombreux et devant faire face à des toxicomanes en manque et parfois non maître de leurs actions du fait de leurs addictions, les médecins de campagne sont de plus en plus nombreux à souligner le contexte d’insécurité dans lequel ils exercent.
Alors que la situation empire chaque jour, les mesures prises par les autorités compétentes en la matière manquent cruellement. Nul ne peu ignorer le peu de structures dédiées à l’accueil et à l’information en matière de drogue à la campagne. Absence de subventions et d’aides de l’État, les campagnes semblent aujourd’hui complètement ignorées par le Gouvernement, apparemment aveuglé par les préjugés selon lesquels la drogue n’est un problème que pour les citadins. Mieux identifier les victimes de la drogue afin de mieux les soigner serait la première étape d’une politique adaptée en matière de toxicomanie aujourd’hui. Devrait suivre un consensus dans la sphère politique et la création de parcours de soins pour traiter les addictions sous tous leurs aspects. Tant de projets qui ne semblent malheureusement pas d’actualité pour le moment.