Selon le dernier bilan de Santé publique France (SpF), 80 cas autochtones de la dengue ont été recensés en France de mai à octobre 2024. C’est plus que le record de 2022, alors que la saison n’est pas encore terminée. Au regard de la courbe des contaminations, l’Anses estime que la probabilité d’une épidémie d’arbovirose est très élevée.
Selon le dernier bilan de Santé publique France (SpF), publié le mercredi 16 octobre, 80 cas autochtones de la dengue ont été enregistrés en France depuis le 1er mai dernier. La Provence-Alpes-Côte d’Azur est la région de loin la plus touchée avec 58 cas. Au total neuf foyers ont été recensés en Hexagone.
La dengue véhiculée par des moustiques Aedes aegypti
Les personnes contaminées l’ont été par la piqûre d’un moustique local, qui avait auparavant sucé un individu ayant vraisemblablement rapporté la maladie des Antilles françaises ou de l’étranger. Pour rappel, la dengue est une maladie causée par un arbovirus transmis par des moustiques Aedes aegypti, historiquement restreintes à la zone intertropicale. Mais depuis quelques années, cette infection se propage dans de nouvelles aires géographiques à cause du réchauffement climatique. En France, les premiers cas ont été détectés en 2010.
La maladie rarement mortelle
La dengue peut provoquer une forte fièvre, souvent accompagnée de mal de tête, nausées et de vomissements. Elle est rarement mortelle, et cela survient généralement après la deuxième infection, qui augmente le risque de dengue sévère. Pour le moment, il n’existe pas de traitement spécifique contre cette grippe tropicale. Les autorités sanitaires misent sur la prévention pour éviter les infections, voire une épidémie. Ailleurs dans le monde le risque est déjà bien réel, notamment en Afrique.
Un record de contamination de la dengue en 2024
S’il ne s’agit pas encore d’une épidémie en France, le nombre de cas atteint à ce jour peut inquiéter : 80. C’est un record, puisque le plus grand nombre de cas autochtones enregistrés s’élevait à 66, en 2022. Et c’était sur toute la saison, du 1er mai au 30 novembre. Mais là nous ne sommes qu’à mi-octobre. D’ailleurs, si certains épisodes sont considérés comme terminés par SpF, ce n’est pas le cas pour d’autres zones. Notamment Vendargues (Hérault), Vallauris (Alpes-Maritimes), La Crau et Fréjus (Var).
Possibilité d’avoir d’autres gros foyers de contamination en fin de saison
« Il est encore possible d’arriver à une centaine de cas cette année », estime Frédéric Simard, directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) à Montpellier. Selon l’entomologiste médical, « de gros foyers de contamination peuvent encore arriver en fin de saison, même si l’on est sur la phase descendante de la contamination ». Mais, si une épidémie peut être exclue dès 2024, ce ne sera peut-être pas le cas dans les prochaines années.
Risque élevé d’une épidémie de dengue, selon Anses
Mi-septembre, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a évalué entre 6 et 7, sur une échelle de 0 à 9, la probabilité qu’une épidémie liée au moustique tigre advienne en France hexagonale dans les cinq prochaines années. L’organisme pense que les moyens de prévention et de contrôle des arboviroses pourraient se retrouver rapidement sous tension si cela avait lieu.
De la nécessité d’adapter les moyens matériels, financiers et humains
L’Anses recommande donc d’adapter dès maintenant les moyens matériels, financiers et humains. Elle préconise, notamment, de mettre en place des plans de lutte individuelle et collective vis-à-vis du moustique-tigre, de sensibiliser les professionnels de la santé aux maladies transmises par les moustiques et d’instaurer une surveillance entomo-virologique, en particulier à travers l’utilisation des pièges à moustiques privés.