L'objectif est de taille : une injection par an et non plus trois par jour. Deux chercheurs de Harvard se sont portés sur la question du diabète. Ils cherchent à remplacer la fameuse insuline par une autre hormone synthétisée par l’Homme, la bêtatrophine. Une petite révolution !
Peng Yi et Doug Melton travaillent sur ce projet depuis quelques années (déjà), c'est en 2011 que leurs recherches sur le diabète prennent un nouveau tournant lorsqu'ils découvrent les effets de la bêtatrophine, hormone synthétisée par l'Homme, sur la synthèse des cellules bêta pancréatiques.
Le diabète de type 2 est lié au surpoids et au manque d'activité physique. Il se répand de plus en plus, telle une épidémie. 26 millions d'américains en souffriraient et 21 millions d'européens.
Le diabète de type 2 se caractérise par une résistance à l’insuline qui est l’hormone produite par les cellules bêta pancréatiques chargée de faire baisser le sucre présent dans le sang. Sans elle, nous ne parvenons plus à réguler notre quantité de sucre dans le sang et, à terme, cela peut provoquer d'importantes lésions, telles l'amputation ou la cécité non génétique.
Les personnes diabétiques se font des piqûres quotidiennes d’insuline, afin d’en amener une quantité suffisante pour réguler efficacement le taux de sucres dans l'organisme. Des soins lourds mais nécessaires.
Doug Melton et Peng Yi, deux chercheurs de l’université de Harvard (Cambridge, États-Unis), ont fait une découverte qui pourrait bien transformer le quotidien des diabétiques. Une hormone naturellement produite par l’Homme, la bêtatrophine, permet l'augmentation de la production d’insuline sur une période prolongée. Celle ci est permise par la synthèse d’un nombre conséquent de cellules bêta pancréatiques. Finies les injections quotidiennes ?
Pourtant, les travaux de recherche des scientifiques américains ont d'abord porté sur une molécule nommée S961, connue notamment pour diminuer l'insuline. Doug Melton pensait qu’en traitant des souris diabétiques avec cette hormone, leur organisme aurait les moyens de compenser et ainsi de réguler la quantité de glycémie. Il est vrai que les rongeurs ont synthétisé davantage de cellules bêta pancréatiques.
Au final, la molécule S961 a favorisé l'action d’un gène qui a permis d'augmenter la production d’une hormone encore méconnue : la bêtatrophine. Cette dernière multiplie à elle seule, par environ 17 la quantité de cellules bêta dans le pancréas.
Il a aussi été question d'expérimenter sur des souris gestantes. Sachez que pendant la grossesse, le taux de sucre dans le sang et les besoins en insuline augmentent, de part la prise de poids et les besoins nutritives du bébé. Là encore, les mammifères ont la solution : ils augmentent les sécrétions de bêtatrophine.
Cette hormone n'est pas présente que chez les souris, on la retrouve aussi chez l'Homme chez qui elle a les mêmes propriétés.
Les chercheurs souhaitent qu'en injectant la protéine chez des patients diabétiques, celle-ci stimule la production de cellules bêta pour permettre une synthèse naturellement élevée d’insuline. Au lieu des trois piqûres quotidiennes nécessaires à certains patients, ils espèrent passer à une par semaine ou par mois, voire, dans le meilleure des cas, à une seule injection par an.
Même si leur rapport indique précisément qu'il est question du diabète de type 2, les scientifiques n’excluent pas de pouvoir un jour traiter les patients souffrant du diabète de type 1, grâce à un substitut à l'insuline comme la bêtatrophine. Le diabète de type 1 est une maladie auto-immune dans laquelle les cellules bêta pancréatiques sont détruites et ne peuvent réguler la glycémie.
Mais le chemin est long avant de révolutionner le traitement du diabète… Le mode d'action de la bêtatrophine n'est pas connu à ce jour. Dans l’idéal, les deux chercheurs aimeraient commencer les essais cliniques d’ici trois à cinq ans.