Depuis le mardi 8 avril, les députés débattent des Zones à faibles émissions (ZFE), après que le dispositif a été supprimé le 26 mars dernier en commission spéciale lors de l’examen de loi de simplification de la vie économique. En France, deux villes appliquent véritablement cette restriction de circuler pour les véhicules les plus polluants, parmi la quarantaine d’agglomérations concernées.
Les députés ont débuté mardi 8 avril les débats sur les Zones à faibles émissions (ZFE) pour décider de leur suppression définitive ou non. Le 26 mars dernier, le dispositif avait déjà été supprimé en commission spéciale, contre l’avis du gouvernement, lors de l’examen de loi de simplification de la vie économique. Après l’Assemblée nationale, il reviendra au Sénat de se prononcer pour une décision définitive sous l’œil vigilant du Conseil d’État.
Une distinction entre les voitures grâce aux Crit Air
Les Zones à faibles émissions mobilité (ZFE ou ZFE-m) sont des territoires dans lesquels la circulation des véhicules les plus polluants est interdite ou restreinte. Ces voitures portent des vignettes précises, les Crit Air 2,3,4, 5 et NC. Les ZFE visent à réduire la pollution de l’air, responsable de maladies respiratoires (asthme, cancer du poumon, etc.) et cardiovasculaires (accidents vasculaires cérébraux, infarctus, etc.). Cette pollution atmosphérique tue près de 40 000 personnes chaque année en France.
Les ZFE, un non-sens environnemental
Étendues par la loi Climat et Résilience en 2021, les Zones à faibles émissions concernent normalement une quarantaine d’agglomérations en Hexagone. Mais seules deux grandes villes l’appliquent entièrement, Lyon et Paris, dont la qualité de l’air est jugée très mauvaise. Dans ces deux agglomérations, surtout à Lyon, des voix s’élèvent de plus en plus pour appeler à la suppression de ce dispositif. Bastien Joint, conseiller municipal de Caluire et candidat de la droite pressenti aux municipales 2026, dénonce un « non-sens environnemental » et « un délit de pauvreté ». Pour joindre l’acte à la parole, il a lancé une pétition contre la ZFE.
Une vraie fausse solution ?
L’initiative de Bastien Joint s’inscrit dans le mouvement lancé par l’écrivain Alexandre Jardin contre une mesure qui pénaliserait les plus pauvres. Selon l’élu, le combat pour lutter contre la pollution se trouve ailleurs. Il propose de miser plutôt sur un métro, qui desservirait l’ensemble du plateau nord (potentiellement 80 000 personnes) et permettrait d’améliorer la qualité de l’air. Il conseille aussi de parier sur de nouvelles stations Velov. Ces solutions éviteraient d’exclure les personnes les plus précaires des centres-villes, faute de moyens pour changer de véhicule.
Dans le Grand Paris, les émissions ont baissé considérablement grâce aux ZFE
Du côté du gouvernement, on défend bec et ongle les ZFE. La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, assure que le dispositif a permis d’améliorer la qualité de l’air dans les zones concernées. Et elle n’a pas tort. D’après les relevés, les Zones à faibles émissions participent effectivement à la réduction de la pollution. Dans le Grand Paris, par exemple, la mise en place depuis deux ans des premières étapes de cette mesure a déjà permis de réduire les émissions polluantes, selon Air Parif.
Les ZFE mises en place dans d’autres villes européennes
Mais la France n’est pas le seul pays à appliquer les ZFE et à bénéficier d’une amélioration de la qualité de l’air. En effet, cette baisse de la pollution s’observe aussi dans d’autres grandes villes européennes qui ont instauré cette restriction. Comme Londres, Madrid, Munich et Berlin. À Londres, où les ZFE sont en place depuis plusieurs années, les concentrations de dioxyde d’azote ont été presque divisées par deux dans le centre de la ville. Des bénéfices pas assez convaincants pour les anti ZFE.